Chris Moriarty : Spin state
(Spin state, 2003)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Li, l'héroïne de Spin state, ne ressemble en rien à une personne ordinaire. C'est un assemblage génétique aux muscles d'acier, à l'esprit libertin. Elle passe sans difficulté de la réalité virtuelle à la “mousse de spin”, univers de la communication intégrale où puiser les informations nécessaires pour retrouver sa mémoire perdue après chaque mission. L'ONU la charge de découvrir comment et pourquoi son clone, savant génial, a été assassiné sur une planète minière. Lieu stratégique, d'où sont extraits les cristaux de Bose-Einstein, indispensables aux voyages interstellaires. Mais son penchant pour une intelligence artificielle séduisante et perverse — qui chante parfois du Charles Trenet — l'amène à s'égarer en chemin. D'où une enquête échevelée dans un monde sans cesse réinventé où les indices s'avèrent trompeurs, les partenaires versatiles et la finalité incertaine.
Ce qui frappe, chez Chris Moriarty, c'est le traitement particulier auquel elle soumet ses lecteurs en s'ingéniant à varier les points de vue, en retournant les situations au risque de s'y perdre. Sans hésiter, elle vous immerge sous une douche quantique où l'inconcevable devient familier, l'improbable, une réalité. Certes, il faut posséder des neurones bien accrochés pour survivre à ce régime, mais elle met tant d'allégresse dans son récit, tant de plaisir à rendre ses personnages humains et ses paradoxes crédibles qu'on parvient à apprécier ses 540 pages. Même si l'on en sort étrillé, nul doute que ses exercices acrobatiques semblent salutaires pour l'hygiène mentale des amateurs de Science-Fiction, lénifiés par tant de space operas préfabriqués qui se publient : simples Pacs de fantasy et de Star wars.