Iain M. Banks : Trames
(Matter, 2008)
roman de Science-Fiction dans l'univers de la Culture
- par ailleurs :
- amazon.fr
- exliibris.biblio
- kws.zine [ 1 ] [ 2 ]
S'il y avait un autre mot pour dire confortable, sans qu'il ait la moindre connotation bourgeoise, il s'appliquerait idéalement à la dernière œuvre d'Iain M. Banks. Car, si la substance dramatique du récit est sans originalité excessive, son talent subtil de la digression, son approche quasi scientifique de la description, la réalité psychologique de ses personnages, ses dialogues philosophiques impromptus amènent progressivement le lecteur à se passionner pour sa galerie d'extraterrestres et d'Humains, comme à l'environnement technologique sophistiqué, la planète artificielle aux torsades multiples où se déroule l'action.
Bref, on se meut à l'aise dans cet univers d'une ampleur cosmique où s'enchevêtrent des planètes gigognes, des sociétés à la fois antagonistes et complémentaires. Car Banks, qui fut un auteur expérimental, radical, a acquis un art magistral de la narration au cours de son travail sur le Cycle de la Culture dont Trames est le sixième volume. Il n'y a rien de plus rare en Science-Fiction que les romans où des conjectures complexes aboutissent à des résolutions claires. Banks y est passé maître. Pour ceux qui n'auraient jamais abordé ses textes, la Culture est une société anarchiste, hédoniste, d'où les notions d'argent et de puissance sont exclues. Elle déploie dans la galaxie des émissaires aguerris pour résoudre des conflits, faire progresser des civilisations. Nous sommes peut-être tous des particules, mais nous sommes des particules fondamentales, pensent ces agents du “contact” à propos de tout être vivant. À l'inverse de la CIA, ils travaillent au service des peuples et non à celui d'une nation.
Et pourtant, dans Trames, l'heure est à la vengeance. Car la fille d'un roi assassiné dans une civilisation relativement primitive revient sur son monde natal pour châtier le responsable. Mais il y a punir et punir pour celle qui est devenue membre de la Culture. Surtout lorsque le mystère des origines est à l'origine de bien des mystères dont les traîtres comme les héros n'ont pas encore conscience.
Et pour les quarante ans de la collection "Ailleurs et demain", en prime, la couverture a retrouvé l'aspect métallique qui profita à sa célébrité.