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Dans une île plus ou moins chinoise, puisqu'un grand nombre de références sont européennes, et même françaises, une révolution vient de s'accomplir. L'impératrice Harmony l'a proclamé : l'écriture nous a permis de quitter la préhistoire pour entrer dans l'Histoire. Les images allaient nous faire perdre l'écriture. La télévision est un poison ! le web infecte nos esprits ! le cinéma est l'opium du peuple ! Ce qui la conduit à créer la Brigade de l'Œil, dont les agents sont chargés de brûler tout ce qui comporte des images, de calciner les yeux des délinquants.

L'idée d'inverser les rôles par rapport au roman de Ray Bradbury [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ], Fahrenheit 451, est séduisante. Usant des ressources du suspense, Guillaume Guéraud nous décrit l'action de ces agents et, naturellement, celle des résistants qui luttent pour rétablir l'ordre ancien. Un peu moins de manichéisme aurait pu faire de la Brigade de l'Œil une œuvre accomplie. Mais, tel quel, c'est déjà un roman réussi, au style vif et nerveux, bourré de jolies formules qui font mouche sur l'inaltérable complicité entre l'image et l'écrit.