Ian Watson : l'Inca de Mars
(the Martian Inca, 1977)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Ian Watson se propose d'inventorier le plus grand nombre de thèmes possible dans chacun de ses romans, l'Enchâssement, le Modèle Jonas, et tente de leur trouver un dénominateur commun par le biais d'une sorte d'équation littéraire. L'Inca de Mars est peut-être la plus significative de ses œuvres, sinon la plus achevée.
Si, fondamentalement, pensée et mémoire sont géométrie, l'être humain devrait être capable d'envisager l'univers dans sa totalité, de le comprendre. Malheureusement, selon Watson, chaque fois que nous essayons de suivre une pensée, nous lui lançons une autre pensée aux trousses, pour avoir une vue d'ensemble, et la première pensée est chassée par la seconde dans une autre partie de l'espace mental. Dans ces conditions, l'Homme cherche toujours à atteindre ce qui le dépasse, le dieu imaginaire qui est en lui.
Qu'advient-il si, un jour, une sonde soviétique revenant de Mars tombe par hasard sur un haut plateau des Andes et que le sable de la planète rouge se déverse sur un petit village où survivent à grand-peine les descendants de l'empire inca ? Surtout si ce sable contient quelque chose de terriblement contagieux, provoquant une sorte de court-circuit de la pensée. Les êtres qui sont atteints par le fléau deviennent soudain capables de suivre la géométrie propre de leur mémoire, sans repousser vers l'inconscient ce qui les gêne.
Selon Ian Watson, l'évolution, la prise de relais de la technologie, ont donné de nouveaux pouvoirs aux Hommes, et le mutant que pressent l'Humanité n'aurait pu être produit par aucune civilisation ancienne. Mais son pessimisme semble plus accentué quand il décrit, à l'autre bout du système solaire, la transformation des premiers astronautes débarquant sur la planète rouge. Car l'habitant du xxe siècle, pas plus que le révolutionnaire inca, n'est capable de découvrir l'extraterrestre qui est en lui.