Jacques Goimard ; Demètre Ioakimidis ; Gérard Klein : Histoires de Science-Fiction
anthologie promotionnelle proposée par le magazine Actuel le 28 mars 1984
La Grande Anthologie de la Science-Fiction est née en 1966. Ses trois auteurs, Jacques Goimard, Demètre Ioakimidis et Gérard Klein se sont aussitôt mis au travail. En 1974 commença de paraître une première série de douze volumes. Cet édifice sans équivalents est couronné aujourd'hui par la publication d'une deuxième série de vingt-quatre volumes : l'ensemble couvre la Science-Fiction anglo-saxonne de 1930 à nos jours.
Cette Grande Anthologie est thématique parce que les œuvres de Science-Fiction se regroupent autour d'un certain nombre de sujets : les robots, les extraterrestres, les voyages dans l'espace, dans le temps, les mutants, et des dizaines d'autres. C'est la meilleure façon de découvrir le genre parce qu'elle vous propose dans chaque volume une variété d'auteurs et d'époques.
Variété gigantesque : il a fallu plus de 15 ans à trois spécialistes réputés pour choisir 544 nouvelles (entre plus de 5 000) dues à 196 auteurs ; pour écrire les préfaces qui ouvrent chaque volume, les introductions qui éclairent chaque histoire ; pour établir le dictionnaire qui renseigne sur la vie et l'œuvre de tous les auteurs présents.
La Grande Anthologie est une bibliothèque, les Mille et Une Nuits du futur. C'est un continent, une carte et un guide, une machine à explorer le temps et les possibles.
Si vous ne connaissez pas la Science-Fiction, la G.A.S.-F. vous permet de vous initier sans risque. Si vous l'aimez, vous y retrouverez — ou découvrirez — les histoires qui sont devenues des légendes.
Ce cadeau du Livre de Poche et d'Actuel doit traîner dans toutes les mains. La Science-Fiction est la meilleure gymnastique de l'esprit moderne. Pendant trois ans de sa vie, chacun d'entre nous devrait dévorer de la Science-Fiction au kilomètre. C'est comme le polar ou la bédé, ces récits façonnent aujourd'hui notre vision du monde. La SF ouvre les portes de l'imaginaire, joue avec la combinatoire des futurs possibles ou impossibles, fait travailler le cerveau droit, celui de l'intuition et du prophétisme, familiarise avec les grands déferlements et les grands changements. Le présent volume regroupe huit nouvelles qui sont toutes extraites de la série du Livre de Poche, la Grande Anthologie de la Science-Fiction.
Aujourd'hui, dans notre génération, il n'y a plus une seule personne qui n'ait été exposée à la SF, que ce soit par le biais de Starwars ou par celui des jeux vidéo. Et pourtant, nous en connaissons plus d'un qui considère encore la SF comme un genre mineur. Ils ont dû être rebutés par l'excès d'imagination ou par les visions chaotiques. À ceux-là nous disons : vous jugez trop vite, tout est affaire de tri.
Nous avons choisi de vous embarquer sur les grands thèmes de la Science-Fiction classique des années 50, celle qui sert de matière première aux films, aux clips, aux feuilletons et aux bédés.
Il y a de francs éclats comme "Pour servir l'Homme" de Damon Knight, "la Clé laxienne" de Robert Sheckley ou "le Coup à la porte" de Fredric Brown. La peur de l'apocalypse chez Brown, ou la peur des extraterrestres chez Knight, ces grands paranos, fournissent les ressorts de l'hilarité.
Il y a la frayeur : "Journal d'un monstre" de Richard Matheson, l'inventeur de l'homme qui rétrécit et le spécialiste des effrois. Un mutant aigri vous regarde et veut se venger. Et "la Mézon de l'orreure" de Margaret St. Clair qui vous embarque dans un de ces monstrueux univers parallèles évoqués par les trous noirs.
Il y a le grand futurisme avec "la Sentinelle" d'Arthur C. Clarke, qui a servi d'ébauche au scénario de 2001 : l'odyssée de l'espace.
Il y a la moquerie sociale avec "Pauvre surhomme" de Kurt Vonnegut, Jr., qui essaie de peindre une société réellement égalitaire. Ou "Kaléidoscope" de Ray Bradbury où l'on voit l'équipage d'une fusée sombrer dans la discorde.
Vous voyez où nous voulons en venir ? La SF parle de tout et extrapole nos époques. Elle prévoit ou explore les bouleversements à venir. Chaque grande mutation a été précédée par une vague de SF, H.G. Wells et Jules Verne, George Orwell et Arthur C. Clarke, Vonnegut ou Philip K. Dick ont, chacun en leur temps, poussé les hypothèses de leur époque. Technologie qui sauve l'Humanité, envolées vers le cosmos, mais aussi drogues et psychologies tordues, robots qui deviennent fous.
Quand on a lu de la SF, on garde l'esprit ouvert aux multiples possibles, aux règles qui déraillent, aux buts qu'on oublie lors de l'action. La SF est une école de l'impensable. C'est pour ça qu'Actuel s'en sent proche quand nous essayons d'explorer dans le détail le réel et d'installer le futur d'aujourd'hui.
La SF suit la pente de l'imagination, et là elle règne sur tous les autres genres. Elle montre les précipices, elle joue avec les névroses d'époque. Informatique, génétique, paranormal, spatial, la SF a tripatouillé depuis longtemps cet attirail et ses hypothèses ne sont pas périmées. La forme de la nouvelle est idéale pour se glisser dans un univers tellement étendu qu'il décourage souvent le néophyte. N'oublions pas qu'il existe des milliers de titres de SF.
Les spécialistes peuvent regretter dans notre choix l'absence d'auteurs plus récents ou plus “spéculatifs”. Cette Anthologie est résolument fondée sur la grande époque de la SF classique, celle des années 40 et 50, qui explorait sans crainte l'avenir parce qu'alors, on croyait ferme au progrès illimité et, il faut bien l'admettre, surtout aux États-Unis. Relire ces textes trente ans après laisse plutôt pantois : les trouvailles restent provocantes, les intuitions et les peurs vraisemblables, le récit se poursuit sans ésotérisme.
Pour quitter la crise d'un jet de tuyère, ou plonger dedans à bras-le-corps, rien de tel que cette SF-là qui ne doute de rien et qui fait rire de nos peurs.
Allez, bonne gymnastique mentale…