Gérard Klein : préfaces et postfaces
Anthologie composée par Gérard Klein : Histoires d'extraterrestres – les Maîtres de la Science-Fiction
Livre de poche nº 7196, avril 1997
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Sommes-nous seuls dans l'univers ? Existe-t-il ailleurs dans l'espace, sur d'autres planètes, des êtres vivants, ou mieux, des êtres intelligents, des extraterrestres, ayant constitué ![[Couverture du volume]](/img/cnt/couv/as_klein_prefaces/lp27196.jpg)
des civilisations éventuellement plus avancées que la nôtre ? C'est une vieille question que se posaient déjà des Grecs de l'Antiquité à propos des habitants de la Lune, puis qui fut complètement renouvelée à partir du xviie siècle avec l'invention de l'astronomie moderne et la découverte progressive de la pluralité des mondes. Un de ses fondateurs, Johann Kepler, l'évoque dans une œuvre de fiction, le Songe, publiée en 1634, quatre années après sa mort.
Par la suite, le thème des extraterrestres devint presque commun, et il demeure l'un des plus populaires de la Science-Fiction. Il se décline principalement selon deux variantes : l'invasion et le contact. L'invasion se partage à son tour entre deux versions, celle où notre Terre insouciante est brutalement envahie par les engins d'une civilisation technologiquement supérieure, comme dans la célèbre Guerre des mondes de l'auteur britannique H.G. Wells ; et celle où les Terriens deviennent eux-mêmes, dans un avenir plus ou moins éloigné, les envahisseurs non moins féroces d'autres mondes. La variante du contact est plus sereine : elle admet que l'extraterrestre et l'être humain se reconnaissent et s'admettent comme différents, comme radicalement étrangers l'un à l'autre, mais comme porteurs d'une capacité de dialogue grâce à la raison et au sentiment, à travers un langage à inventer.
Les histoires réunies dans ce recueil ont toutes trait à la venue sur Terre d'extraterrestres, soit sous la forme de l'invasion, soit sous celle du contact. Cette intrusion est parfois si subtile qu'elle passe inaperçue de tous, sauf de quelques rares privilégiés, voire d'un seul être humain.
Le thème de la venue sur Terre d'extraterrestres a si profondément pénétré les imaginations depuis un peu plus d'un siècle que beaucoup de gens, parfois un peu dérangés, souvent mal informés et ayant été témoins de phénomènes aériens inexpliqués, quelquefois intéressés à la vente de révélations sensationnelles, se sont dits convaincus de la visite dans notre espace circumterrestre d'objets volants non identifiés, les ovnis, qui seraient des astronefs d'origine extraterrestre. La fiction a ici contaminé les représentations de la réalité au point de donner naissance à de véritables croyances qui demeurent sans fondement objectif. La meilleure preuve en est probablement que tous les témoignages d'observations d'engins lenticulaires, les fameuses soucoupes volantes, de rencontres avec des extraterrestres, voire d'enlèvements, prennent leur source dans des récits de Science-Fiction plus anciens qu'ils reproduisent plus ou moins fidèlement, parfois à l'insu de ceux qui les rapportent (1).
Est-ce à dire que nous serions seuls dans l'univers ? Sans doute non. La plupart des scientifiques, astronomes, astrophysiciens, biologistes, admettent aujourd'hui, sans en détenir de preuve formelle, qu'il existe probablement dans l'immensité de l'espace d'autres formes de vie que celles qui ont évolué sur notre planète. Il n'en a été détecté aucun indice à ce jour dans notre système solaire, même s'il semble possible que la vie soit apparue dans un lointain passé sur Mars. Mais des découvertes récentes ont montré qu'il existe de nombreux systèmes planétaires dans notre galaxie. D'autres observations ont établi que de nombreuses molécules complexes, prébiotiques, c'est-à-dire des précurseurs de la vie, existaient en relative abondance dans l'espace interstellaire. Enfin, les théories actuelles sur l'origine de la vie terrestre tendent à indiquer que la vie apparaît rapidement dès que les conditions minimales nécessaires à son maintien sont réunies.
Nous ne sommes donc peut-être pas seuls dans l'univers. Les dimensions de celui-ci et les distances qu'elles impliquent suffisent probablement à expliquer que nous n'ayons pas encore été découverts. Le contact, ou l'invasion, appartient donc encore à notre avenir impénétrable, et pour l'instant à ces spéculations fascinantes dont la Science-Fiction le meuble.
Notes
(1) Sur les rapports entre Science-Fiction et observations d'ovnis, voir l'ouvrage de Michel Meurger, Alien abduction (texte français malgré son titre), Encrage, 1996.
