Des nouvelles du passé
Dans le Monde du 7 septembre, rubrique “polar”, un nommé Didier Pourquery nous apporte de singulières révélations à propos de Maurice G. Dantec, dans sa critique de Satellite sisters, qui vient de paraître aux éditions Ring. Voici ce qu'il écrit : « Dantec, on le sait, n'est pas un auteur de Science-Fiction, même s'il a pas mal écrit de textes relevant de ce genre. Il est un écrivain d'anticipation. Ses héros sont crédibles parce qu'ils sont les prolongements à peine déformés de ce que nous voyons aujourd'hui. Nanotechnologie, manipulations génétiques, visite sur Mars… tout cela existe bien en 2012. »
.
De deux choses l'une, l'autre c'est le soleil, comme disait Prévert : soit Dantec ne peut pas être un auteur d'anticipation puisque ce dont il parle existe déjà, soit Didier Pourquery n'a rien compris à ce qu'il lisait, ne serait-ce qu'au sujet des deux héroïnes, les sœurs Ieva et Sara Zorn, filles jumelles de l'héroïne de Babylon babies, créatures quantiques à l'ADN transgressif, susceptibles de se projeter dans l'avenir, afin de créer une fiction rétrofuturiste, sans compter une liane mutante et la prochaine apparition de l'homo infinitis, qui ne peuvent relever que du domaine de la SF.
Ce qui n'empêche pas Pourquery de relever avec tristesse : « Les auteurs d'anticipation sont rarement pris au sérieux de leur vivant. »
. Ajoutant qu'il aimerait bien être en 2030 pour voir si tout se passe comme Dantec l'avait prévu dans son “thriller spatial” (sic).
Personnellement, même si je ne doute pas un instant du réel talent littéraire de Dantec, j'espère ne jamais me trouver dans l'univers déjanté de son cerveau.
Commentaires
Bien noté, l'indigence des connaissances de Pourquery sur ce qu'est la SF : il en parle sans en avoir jamais lu, probablement. Cela m'avait frappé, mais je n'ai pas eu le temps d'en faire état. Ce coup-ci, Pourquery m'afflige, alors qu'il est plutôt spirituel dans les chroniques sur la langue qu'il tient de façon hebdomadaire dans le Monde (et il l'était dans ses éditos quand il rédigeait en chef le Monde magazine, publication par ailleurs bien creuse). On ne peut pas être bon sur tout…
Pourquery n'est pas critique car il ne parle pas de l'intérêt du livre. Il est n'est pas journaliste puisqu'il assène des faits faux (l'anticipation n'est pas de la SF). À mon avis, Pourquery est quotidienniste car il écrit dans un quotidien. Tout comme moi je suis un répondiste de blog.
Oh, le cas de Pourquery est tout à fait limpide. Étant un des directeurs de la rédaction du Monde, il a usé de son autorité pour forcer la porte du Monde des livres où normalement il n'a rien à faire.
Et il y a imposé un article de pur copinage destiné à vanter la camelote actuelle de Dantec en prenant les précautions d'usage : ce n'est surtout pas de la Science-Fiction, et en commençant par prendre ses distances d'avec le personnage pour conclure sur le thème : il faut que vous alliez y voir. Vu du point de vue d'un professionnel, c'est très habile.
La question qui reste sans réponse pour moi, c'est copinage envers qui. Dantec, c'est possible mais je n'y crois pas trop. Peut-être davantage avec l'éditeur de Ring, personnage hautement sulfureux d'après tout ce qu'on m'en a dit. Et fort situé à l'extrême droite.
Décidément, les mœurs des journalistes ne changeront jamais, celles de ceux du Monde, certes pas de tous, en particulier. Endogamie, inceste, passe-moi le sel (pas toujours attique).
Mais dans ce pays, ce n'est jamais condamné ni même relevé. En Anglo-saxonnie, ça virerait au petit scandale.
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