John Maybury : the Jacket
(the Jacket, 2005)
long-métrage
- par ailleurs :
Ce n'est pas tout à fait fini, mais ça commence à finir.
En première mondiale, la révélation de la saison. Il nous vient d'un certain Philippe Taquet ou Tacquais ou Takè, qui est sans doute le responsable de la paléontologie, ou peut-être même le directeur du Muséum d'histoire naturelle, puisqu'il dit attribuer des budgets à des personnalités célèbres comme Jacques Monod. Mais cela, l'interlocuteur ne l'a pas précisé. Comme d'habitude, c'est à l'auditeur de se renseigner, pas au présentateur. Et je n'ai pas eu le goût de chercher l'orthographe de son nom et ses titres et sa gloire sur le site de France Culture. Où il dissertait allègrement des diplodocus dans une émission du samedi matin. La conversation vint tout naturellement s'articuler autour du Monde perdu. Soudain, pris d'inspiration, il s'écria : « Conan Doyle a toujours voulu écrire de la littérature. Mais il n'a réussi à se faire connaître qu'en publiant du Policier et de la Science-Fiction. »
. C.Q.F.D., voilà la différence. N'est-ce pas beau l'analyse d'un vrai scientifique ?
Dans un domaine tout à fait différent, qui pourrait intéresser ceux qui ont eu la chance de voir l'Échelle de Jacob, l'excellent film d'Adrian Lyne qui file si vite sur les écrans qu'il est difficile de l'attraper au vol, j'aurais l'impertinence de recommander the Jacket de John Maybury. Il ne s'agit pas ici des conséquences de certaines expériences que la CIA a entreprises sur les combattants du Việt Nam, mais des suites mystérieuses sur l'organisme des soldats de quelques médicaments qu'on leur avait généreusement offerts pour affronter la guerre du Golfe.
S'ensuit l'histoire complexe et déconcertante d'un rescapé qui rencontre une femme et sa fille sur la route, leur vient en aide, se fait prendre plus tard en auto-stop par un dangereux personnage, s'évanouit, se réveille accusé du meurtre d'un flic, puis mis dans un asile pour folie. Chris Christophersson, psychiatre expérimental parfaitement convaincant, va tenter de le guérir en l'enfermant, drogué à mort, des nuits entières dans le tiroir réfrigérant d'une morgue.
Naturellement, je ne vous raconterai pas la suite. Sachez seulement qu'il s'agit d'une variation sur le voyage temporel qui pourrait évoquer le mythe d'Orphée appliqué à une fillette, mais traité à l'envers. Cela ne vous informe pas plus, j'en suis conscient, mais à l'heure où il est si facile de se procurer un DVD ou de se brancher sur une chaîne satellite, je vous recommande l'expérience. Car John Maybury est bourré de talent. Sa façon d'alterner un réalisme softgore avec des scènes éclairées en demi-teinte où la raison vacille devant les interrogations fantasmatiques qu'elles posent, révèle une maîtrise de la caméra, des acteurs, une intelligence du scénario assez rares, que la lumière d'asile illumine d'une sinistre exultation.
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