Six nouvelles en moins d'un feuillet
Quelques petites nouvelles ultra courtes qui me sont venues dans la nuit :
Guillaume était ultra pressé. Il enfila ses vêtements à toute vitesse, ouvrit la porte de son appartement… et s'écrasa sur le trottoir, deux cents mètres plus bas. Il avait oublié d'appeler un taxi.
Celle-ci paraît un peu absconse, sauf si l'on pense qu'elle aurait pu égayer le film de Luc Besson. Voici, plus classique dans le genre sheckleyen :
L'extraterrestre lui sourit. Il n'avait plus aucune dent. Georges qui ne connaissait pas cette espèce lui demanda : « C'est de naissance ?
— Hélas ! non ; mais sur ma planète on se nourrit surtout de cailloux, qui sont beaucoup plus tendres que sur terre. »
Et maintenant, une variation sur la nouvelle de Fredric Brown :
Jules Echnort fumait son cigare tranquillement dans son salon. Il était le dernier homme vivant sur la Terre. On sonna à la porte. Il pensa : Heureusement que j'ai fait installer des panneaux solaires, maintenant qu'il n'y a plus d'électricité !
Et sur un thème peu utilisé :
« Garçon, garçon, voulez-vous me retirer cette assiette !
— Mais pourquoi, Monsieur ?
— C'est l'homme invisible en passant qui a éternué dans ma soupe. »
N'hésitons pas pour un vaste space opera :
Un tyran mégalomane fit construire un vaisseau qui avait la taille de l'univers. Cela dura plusieurs millénaires. « Ah ! C'est malin ! » s'écria sa première favorite en le découvrant, « Où allons-nous mettre le cap maintenant qu'il n'y a plus un endroit où aller ? »
Et pour terminer dans le style asimovien :
Robby tendit sa main à un second robot qui venait de perdre la sienne dans un accident. Ce dernier, nommé Albert 23, tenta de la fixer sur son bras. Après cinq minutes d'essai, il la rendit à Robby en disant : « Ça ne va pas, les clips et le pas d'adaptation n'ont pas les normes européennes. »
Curieux, maintenant qu'ils sont écrits noir sur blanc, ces petits textes me donnent l'impression d'être un présentateur dans un burlesque, qui essaye de faire rire l'assistance entre la présentation de deux stripteaseuses, et qui recueille un silence glacé.
Commentaires
Bonjour M. Curval,
J'espère que vous allez poster encore plein d'autres petites nouvelles.
Je suis surprise et plus que contente de retrouver ici vos écrits, et ceci presque en direct !
Je vous ai découvert grâce à Regarde fiston s'il n'y a pas un extraterrestre derrière la bouteille de vin et Debout les morts, le train fantôme entre en gare. Ce sont d'abord les titres qui ont attiré mon attention. J'avoue avoir été déroutée, déstabilisée, je peux même dire en perte de repère, par l'univers qui se formait sous vos mots. Après cette première réaction quelque peu réticente, je retombais toujours inévitablement sur un de vos romans, chez les bouquinistes, sur l'internet…
Je connais, depuis la lecture de l'Homme à rebours, un problème d'addiction à vos écrits. Et je me pose de sérieuses questions quant à ma future santé mentale, sachant que j'ai bientôt lu presque tous vos romans…
Je tiens à vous témoigner mon admiration devant votre création littéraire, si riche en images que le meilleur film jamais réalisé est bien fade à côté.
Chapeau bas !
Plus laconiquement :
Presque deux m'aime.
Monsieur Curval,
La présence de strip-teaseuses eût gâché notre plaisir de lecteurs avides.
Sur quoi je reprends la lecture des autres billets…
(Arrivant avec un an de retard, je tombe comme un cheveu sur la soupe, mais bon, le net est vaste…)
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