Carnet de Philippe Curval, catégorie Général

Deathbox

Philippe Curval, billet du 19 février 2006

Connaissez-vous Xavier Forneret ? Classé parmi les “petits romantiques français” par les spécialistes de la littérature. Comme si l'on pouvait ambitionner d'être à la fois romantique et petit ! Il est l'auteur de romans, de poèmes (Vapeur : ni vers ni prose) et surtout de maximes insolites, de réflexions singulières. Dans l'un de ses recueils, Sans titre : par un homme noir blanc de visage, je me souviens d'avoir lu cette phrase : « J'ai rencontré une boîte aux lettres sur un cimetière. », dont l'idée m'a fait rêver très souvent.

Éric Losfeld a publié en 1952 une anthologie de ses œuvres dont il n'avait pas vendu le dernier exemplaire à sa mort, survenue vingt-sept ans plus tard. C'est dire le succès que rencontre un éditeur lorsqu'il s'attache à ressusciter l'œuvre d'un auteur aussi excentrique et passionnant, qui mériterait pourtant une autre audience que celle qu'on réserve aux tonnes de cochonneries que l'on publie aujourd'hui.

Or, il y a quelques semaines, j'ai assisté à un enterrement en Normandie. Sous un ciel de pluie, des chiens aboyaient dans les prés avoisinant le cimetière minuscule. Lorsqu'en sortant, quelqu'un attira mon attention : sur le mur était accrochée une boîte aux lettres.

Ce genre de batterie à quatre casiers que les P et T (depuis que transes fait les connes a déserté les PTT) adorent planter en rase campagne. Quatre boîtes pour une vingtaine de tombes c'était peu ! Comme je n'ai pu interroger le facteur qui avait terminé sa tournée depuis longtemps, je suis resté sur ma faim.

En revenant en voiture, l'idée m'a obsédée, jusqu'à trouver la conclusion qui s'imposait : s'il n'y avait que quatre boîtes, c'est que les autres caveaux étaient équipés de téléphones portables !

D'ailleurs c'est une solution à laquelle je pense depuis longtemps. Jusqu'à ces jours derniers où je suis devenu adéessel. Car, après tout, pourquoi n'installerais-je pas dans mon mausolée acheté à tempérament chez Convention obsèques une Deathbox 666k reliée par ethernet à mon ordinateur des pompes funèbres ? Ce serait un numéro d'Enfer afin de poursuivre ce blog jusqu'à la fin des temps. Et peut-être même une source de revenus importants pour l'escroc refoulé que je suis, inventeur des radios de l'âme.

Je ne suis pas pressé. Mais pensez au succès d'un site du genre ‹endirect.delaudela.com› ! N'essayez pas de me doubler, j'ai déjà retenu le nom de domaine.

Commentaires

  1. Sandylundi 27 février 2006, 16:16

    Je me suis bien marrée !

  2. ydnaSmercredi 1er mars 2006, 21:08

    Et si les ordinateurs-modems-serveurs & Co. avaient eux aussi accès à l'au-delà après qu'ils aient rendu l'âme ?

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