Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Ken MacLeod : Dark light (Engines of light – 2)

roman de Science-Fiction inédit en français, 2001

Ellen Herzfeld, billet du 6 mai 2007

par ailleurs :
 

Dark light, deuxième dans la série Engines of light de Ken MacLeod, continue directement l'histoire développée dans le premier, Cosmonaut Keep. Cette fois, à la différence du précédent, il n'y a qu'un seul fil narratif, et je n'ai pas eu besoin de lire cent pages avant de commencer à entrevoir ce qui se passait. Logique, toute la mise en place était faite.

L'histoire se déroule entièrement sur Croatan, planète de la Seconde Sphère, où vivent krakens, saurs et divers humains et humanoïdes, sous l'œil des êtres mystérieux dénommés "dieux". En fait, il s'agit d'une autre forme de vie intelligente — biologiquement, des amas de nanobactéries extrêmophiles qui vivent dans des corps célestes genre astéroïde ou comète entre planètes et étoiles — très supérieure certes, très ancienne aussi, mais ils ont leurs propres problèmes et ne sont pas nécessairement tous d'accord entre eux.

On rencontre Stone qui vit près de la ville de Rawliston, dans une sorte de tribu qui maintient volontairement un mode de vie de l'âge de pierre, leur époque d'origine sur Terre. Cette société a une vision très particulière de la notion de “genre”, totalement indépendante du sexe. On est “homme” ou “femme” essentiellement par choix, tout en gardant sans aucun problème son “sexe” physique. Ce qui aboutit à des situations intéressantes et parfois surprenantes.

Les personnages vus dans le volume précédent arrivent sur Croatan, à cinq années-lumière de Mingulay, où ils ont l'intention de faire valoir le droit des humains à avoir leurs propres vaisseaux et à établir leurs propres circuits commerciaux, indépendamment des krakens qui, jusque-là, ont eu le monopole du pilotage des vaisseaux luminiques. On retrouve donc Matt Cairns, ancien habitant d'Edinburgh en République d'Écosse, son lointain descendant, Gregor Cairns, sa copine Elizabeth et leur collègue et ami, le saur Salasso. Ils arrivent dans l'engin bricolé sur Mingulay dans le premier volume, le Bright star, et ne sont pas du tout les bienvenus. Le vaisseau est confisqué dès l'arrivée. On retrouve aussi le grand vaisseau marchand rencontré sur Mingulay et parti un peu avant, avec les humains de la famille “de Tenebres”, dont les femmes, mères et filles, mêlent intrigues romantiques et politiques avec les mêmes galants, sans aucun complexe, et sans que cela ne dérange outre mesure le mari et père.

Donc, comme on pouvait s'y attendre, il y a beaucoup de considérations politiques, avec Volkov, ancien socialiste russe, toujours fidèle aux idées du Parti, qui fomente la révolution, et Matt, plutôt tendance anarchiste, pour ce que j'ai pu discerner, qui a d'autres objectifs. Car en effet, et heureusement, il y a autre chose. Les informations recueillies auprès du dieu qui avait fourni des instructions pour quitter le Système solaire laissent penser qu'il y a d'autres intérêts, plus cosmiques, en jeux. Et pour en savoir plus, il faut aller interroger un autre dieu, projet dont la réalisation peu simple, techniquement et politiquement, constitue l'essentiel du livre. Ce qu'ils apprennent explique en partie les raisons, peu rassurantes, de la présence de toutes ces espèces originaires de la Terre sur ces planètes à l'autre bout de la galaxie et ne présage rien de bon sur ce que les dieux ont en tête à leur sujet. À l'évidence, ce qui est bien ou mal pour eux n'a strictement rien à voir avec ce qui peut être bon ou mauvais pour les êtres inférieurs mais néanmoins intelligents qui vivent à la surface des planètes.

Il y a de l'humour, des retournements divers, des aventures et même des batailles. Par rapport au premier volume, il y a nettement plus de violence, mais sans que l'auteur ne s'y complaise jamais.

Les quelques chapitres de la fin m'ont paru plutôt confus, mais c'est peut-être voulu. À l'occasion d'une fête avec un défilé, diverses factions finissent par s'affronter et, dans certains endroits au moins, ça tourne à l'émeute, et même à la guérilla… plus ou moins. Je n'ai pas tout suivi et j'ai eu l'impression que les protagonistes étaient dans le même état. Le livre se termine avec le départ des uns et des autres, dans des directions différentes, et quelques-uns qui restent, involontairement, sur place, sans que quoi que ce soit ne soit vraiment résolu. Il n'y a plus qu'à passer au troisième et dernier volume, Engine City.

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