Eric Brown : Starship seasons
quatre courts romans de Science-Fiction inédits en français, 2007-2012 & 2013
- par ailleurs :
Eric Brown a écrit une série de quatre novellas entre 2007 et 2012 : Starship summer, Starship fall, Starship winter, Starship spring et j'ai attendu de les avoir toutes avant de les lire. C'est de la SF douce : pas de guerres, pas de tueries sadiques, pas de courses-poursuites sans fin, pas de violence gratuite.
Les Humains se sont établis sur de nombreuses planètes à travers la galaxie, et y ont rencontré des extraterrestres divers et plus ou moins avancés sur le plan technologique avec lesquels la coexistence paisible ne pose pas de gros problèmes. Les voyages interstellaires se font par télémasse, une technique mise au point par les Humains qui a rendu obsolète les grands vaisseaux spatiaux.
Après une série de malheurs personnels, David Conway décide de quitter la Terre pour la planète Chalcedony, dans le système Delta Pavonis IV. C'est un lieu idyllique : la nature est belle, le climat agréable, les indigènes non violents et tolérants. On y trouve en plus une monumentale colonne dorée qui est posée là sur une plaine et dont personne ne sait rien. Ni qui l'a créée, ni en quoi elle est faite, ni à quoi elle peut bien servir. Elle attire touristes curieux et pèlerins plus ou moins illuminés. Conway, en tout cas, ne vient pas pour ça ; il cherche simplement à mener une vie simple dans un lieu tranquille où il espère surtout échapper aux cauchemars qui le hantent toutes les nuits.
À peine arrivé, il rencontre Hawksworth, ancien pilote et propriétaire d'une casse où s'entassent toutes sortes de carcasses de vaisseaux spatiaux abandonnés. Il décide d'en acheter une un peu différente des autres pour lui servir de maison. Il rencontre les amis de Hawk : Maddie, une fille un peu bizarre qui se promène avec ses couverts, assiettes et verre, et refuse le moindre contact physique ; Matt, artiste renommé dont les œuvres transmettent des sentiments quand on les touche ; Kee, une autochtone humanoïde qui a dû quitter sa tribu et qui vit avec Hawk. Conway se lie d'amitié avec eux et sa vie s'en trouve transformée. Les quatre novellas racontent une série d'événements qu'ils vont vivre ensemble au fil des ans.
Il y a la “rencontre” avec une race extraterrestre inconnue et bien plus avancée que les Humains et la révélation de ce qu'est vraiment la colonne dorée ; une vengeance bizarre par une autre extraterrestre qui n'est pas contente que Matt lui ait sauvé la vie ; le rite de passage de Kee chez des indigènes locaux où ils fument une drogue qui leur permet d'avoir un aperçu de l'avenir en échange d'un taux de mortalité élevé parmi les participants ; une rencontre amoureuse qui tourne mal ; une autre qui tourne bien ; une exposition d'art qui utilise des pierres “saintes” extraterrestres aux caractéristiques bien particulières ; et enfin la découverte d'un site archéologique monumental où tout n'est pas si mort que ça. À travers toutes ces tribulations, le but des personnages n'est jamais d'écraser l'opposant ni de gagner plus d'argent ou de pouvoir. Tout ce qu'ils veulent, c'est mener une vie paisible et sans histoire, entre amis, à l'abri des foules et des regards. Voilà qui est rafraîchissant. Évidemment, s'ils y arrivaient trop facilement ou trop vite, il n'y aurait pas de quoi faire un roman.
L'ensemble se tient bien et d'ailleurs il vient de paraître en un volume sous le titre Starship seasons. C'est une lecture facile et agréable avec des intrigues qui ont maintenu mon intérêt tout au long même si aucune ne se poursuit sur les quatre épisodes. Ce sont les liens qui se tissent entre les protagonistes, Conway et ses amis, qui fournissent la colle qui lie les histoires entre elles et qui donne une épaisseur certaine aux personnages et aux événements. Les histoires foisonnent de détails sur leur vie de tous les jours, sur leurs émotions et leurs états psychologiques. C'est finalement très intimiste et tendre.
Une chose était tout de même un peu trop présente… la bière. Conway avait manifestement toujours un verre à la main, toute rencontre commence par la proposition d'une petite bière, on en boit une avant, pendant, et après tout et n'importe quoi. Et quand ça va vraiment très mal — ou très bien —, on améliore avec un peu de scotch… Au bout d'un certain temps (et d'un certain nombre de bouteilles), j'hésitais entre le rire ou l'agacement à chaque nouvelle chope.
Il n'en reste pas moins que certains lecteurs trouveront que c'est un peu trop guimauve, un peu trop lisse. Dans le quatrième volume, où les enjeux sont les plus importants, on est même prévenu à l'avance que tout va bien se passer. Bien sûr, ça peut être un subterfuge pour mieux nous assommer ensuite… mais non, pas du tout.
J'ai dit plus haut que l'ensemble se tenait bien, mais il y a un élément qui m'a franchement dérangée. Dans le premier volume, on apprend que Maddie a subi une intervention chirurgicale pour augmenter une capacité existante mais dormante chez tous les Humains. L'opération a mal tourné, ou plutôt a trop bien réussi, ce qui l'oblige à éviter tout contact avec des gens et même avec de nombreux objets. Une parade temporaire est trouvée à la fin du volume qui lui permet de vivre un peu plus normalement. Mais curieusement, on n'en entend plus jamais parler par la suite alors que Maddie est présente et active dans les trois volumes suivants. J'aimerais bien demander à l'auteur pourquoi il a fait ça.
Néanmoins, les aspects positifs l'emportent nettement sur ces quelques bémols que je ne peux m'empêcher de rapporter pour rester honnête. Ce n'est pas de la grande littérature, pas de la grande SF non plus. C'est un petit plat mitonné qu'on a plaisir à savourer, en qui ne reste pas sur l'estomac.
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