Keep Watching the Skies! nº 8, juillet 1994
Jean-Marc Ligny : la Mort peut danser
roman fantastique ~ chroniqué par Micky Papoz
→ Chercher ce livre sur amazon.fr
Irlande celtique. En 1181, on brûle les sorcières, comme partout en Europe. Mais Forgaill n'est pas une sorcière, c'est une prophétesse, douce fée qui déclame des poèmes en forme de prédictions… Elle s'accompagne sur un tympanon en chantant : « Écoutez-moi bien, car je dis la vérité ; c'est un mauvais temps qui vient, ô mes amis compagnons d'infortune. Les hordes d'airain venues avec le flux ne feront pas que traverser le pays. ». Forgaill clame sa peine, ses hantises, ses souffrances à qui veut l'entendre. La petite banfile, fille adoptive d'un barde, sait bien que les guerriers de la verte Erin ne peuvent rien contre ceux d'airain, ces Normands envahisseurs qui ravagent tout sur leur passage. Forgaill sait tout, sauf sa propre destinée. Au royaume du soleil mourant, c'est interdit. pour la jeune banfile il est défendu aussi de faire l'amour dans un lieu sacré. Son œuf de serpent la protège. Elle ne doit jamais l'ôter de son cou. Mais lorsque le destin s'en mêle… L'amour est un dieu impudique et parfois malfaisant jusqu'à la cruauté.
La banfile, petite Jeanne livrée aux flammes ennemies par un évêque, sera brûlée sur la falaise, face à la mer, son amie. Mille souffrances devant une foule agitée et révoltée. Forgaill atteint enfin sa lumière qui ne sera qu'éclipse. Elle dormira huit siècles sous des nuits sans étoiles, elle attendra Elle patientera, dans l'espoir de sa renaissance qui viendra en son temps.
À Sidney, Australie, en 1981, Alyz chante dans un groupe de rock. Un groupe qui ne remporte pas le succès escompté. Alyz rêve d'Emain Ablach, elle rêve et Bran, son ami improvise sur ses rêves et Alyz se met à chanter : « Il est une île solitaire ; tout autour resplendissent les chevaux de la mer. ». Dans cette île, Alyz hérite d'une maison. Après une tournée catastrophique, elle décide Bran d'y aller et sur la rousse et verte Erin, le miracle s'accomplit. Alyz chante… Je suis la plus belles des fleurs. Alyz et Forgaill ne font plus qu'une.
La petite sorcière vient d'investir l'âme de son double, sa sœur par-delà l'espace-temps. Dans le ciel, trois corneilles tournent en croassant. Une Sybille-étoile est née.
Remarquablement écrit et documenté, ce roman pourrait se lire d'une traite tant il est passionnant, mais la beauté de nombreux passages vous incite à revenir sur vos pas et à savourer. Un lexique en fin de volume vous permet de comprendre certaines expressions ou mots celtiques.
Après tout ceci, je ne peux qu'ajouter une chose : préservez vos auteurs français en les lisant.