Keep Watching the Skies! nº 19, mai 1996
Frédéric Fontaine : la Science-Fiction
essai ~ chroniqué par Noé Gaillard
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Amateurs et connaisseurs n'achetez point ce petit livre, à moins que vous ne soyez collectionneurs acharnés. Comment peut-on prétendre en 63 p. dire l'essentiel de la SF ? Ceux qui suivent le genre s'étonneront en feuilletant ces pages abondamment illustrées de constater que certains auteurs importants ne sont pas mentionnés (Wintrebert, G-J. Arnaud, Canal, Willis, Wolfe, par exemple) que certains dessinateurs sont oubliés (Poïvet, Herman par exemple) que certains réalisateurs sont omis (Terry Gilliam, Chris Marker, par exemple). Ces oublis peuvent laisser croire que M. Fontaine a arrêté son exploration du genre, du moins sur le plan littéraire, à un moment donné et de fait les illustrations (des couvertures de livres en grande parties) semblent datées : p. 28 et 29 les couvertures qui illustrent un renouveau de la SF en France sont : Damiers imaginaires, les Semeurs d'abîmes et le Ressac de l'espace — encore heureux qu'Ayerdhal soit cité.
Mais en quoi le grand public peut-il être intéressé par ces oublis et ces manques ? En rien puisqu'il trouvera là ce qu'il est censé attendre : un petit livre qui se lit vite et offre un maximum de renseignements utiles pour jouer au Trivial Pursuit ou donner l'impression de savoir de quoi on parle dans un salon… J'imagine d'ailleurs que des bibliothécaires pressés ou des enseignants en mal de nouveauté se jetteront sur ce type d'ouvrage pour assouvir ( ?) leur curiosité…
Il serait regrettable de laisser penser que cet “essentiel” est suffisant — M. Fontaine ne cite même pas les collections publiant des romans de SF et je n'ai pas su voir de couvertures du Livre de Poche. Pas plus mal, puisqu'on peut soupçonner son auteur d'avoir "pillé" les ouvrages qu'il cite en bibliographie — quelques uns reconnaîtront sans doute dans le choix des auteurs cités un certain "Catalogue… " ou de sa version plus récente.
Je sais bien que nul n'est parfait et que ma critique relève du “détail” quant à l'ampleur de l'entreprise d'ailleurs l'éditeur s'en excuse par avance en dernière page : « Les erreurs ou omissions involontaires qui auraient pu subsister dans cet ouvrage malgré les soins et les contrôles de l'équipe de rédaction ne sauraient engager la responsabilité de l'éditeur. » [1]… Qu'on se le tienne pour dit…!
Notes
[1] Note d'autant plus amusante que le patron des éditions Milan, rencontré au salon du livre de Toulouse, nous confiait que « la SF, ça ne marche plus ! » et jurait ses grands dieux que jamais ne serait réédité l'(excellent) ouvrage bibliographique paru chez eux il y a quelques années, le Rayon SF. — NdlR.
