Keep Watching the Skies! nº 20, juillet 1996
Isaac Asimov : Moi, Asimov
(I. Asimov)
autobiographie ~ chroniqué par Éric Vial
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Évidemment, faute d'avoir autrefois traduit littéralement en français le titre I, Robot, on perd un peu du sens du titre de ces mémoires. Et la version française du titre ne renvoie plus qu'à la mégalomanie de l'auteur, parfaitement assumée du reste, par exemple quand il explique que son ego relève de l'Empire State Building.
Évidemment, derechef et par ailleurs, ce qui est raconté là n'a pas en réalité grand chose à voir avec la science-fiction. Pas même avec celle qu'écrivait feu le bon docteur Asimov. La vie de Dick, même ou surtout vue de l'extérieur, a plus que des rapports avec ses textes. Là, les souvenirs d'enfant d'immigré dans l'Amérique de l'entre-deux-guerres, d'universitaire peu porté sur la recherche pure, d'orateur content de lui et surtout de polygraphe stakhanoviste n'ont manifestement que peu de résonances dans l'œuvre, sauf à se lancer dans une analyse si poussée qu'elle restera hors de portée de l'essentiel des lecteurs — et du critique.
Reste d'abord que tout cela est bien agréable. Qu'Asimov savait manier et marier nombrilisme et humour — ce que savent bien les lecteurs de ses recueils de nouvelles, et des commentaires autobiographiques qui les entrecoupent [1]. Reste ensuite que si les amateurs de cinéma lisent les biographies des vedettes, les amateurs de SF peuvent bien s'intéresser à celles des auteurs. Qu'ils trouveront ici, au passage, des portraits d'autres auteurs, Pohl, Kornbluth, Wolheim, Campbell, Heinlein, de Camp, Simak, Williamson, Del Rey, Sturgeon, Clarke, Boucher, Clement, Bova, Silverberg : n'en jetez plus ! Reste enfin que l'on me permettra (si) de trouver fort sympathiques les remarques d'un liberal américain sur le racisme, le Việt Nam, la droite reaganiennes et quelques autres sujets du même ordre. Ce qui n'est pas non plus rien.
Bref, ce livre n'est pas de la SF, n'a rien à faire dans KWS, mais il ne serait pas étonnant que vous vous précipitiez pour le lire. À la vitesse à laquelle je l'ai dévoré. Et avec le même plaisir.
Notes
[1] Voir la chronique de Mais le Docteur est d'or — NdlR.
