Keep Watching the Skies! nº 27, décembre 1997
Mike Resnick : le Faiseur de veuves
(the Widowmaker)
roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Christo Datso
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Mike Resnick est un conteur qui a le sens du rythme, de l'action. Avec le beau roman Ivoire, la trilogie de l'Infernale comédie, et les récits de Kirinyaga, il nous avait habitués à un univers haut en couleurs inspiré des légendes africaines et de l'histoire du continent noir, à une écriture riche, pleine de saveurs et de trouvailles. Je m'attendais à un émerveillement du même type avec ce roman.
Un jeune homme de vingt-trois années, mais subjectivement âgé de trois mois seulement, se pose la question existentielle : qui suis-je ? Créé par clonage à partir du meilleur chasseur de primes de toute la Galaxie, surnommé le Faiseur de Veuves, il vient à la conscience avec toutes les facultés mortelles de son modèle original, l'expérience de la vie en moins. Est-il seulement le double imparfait de Jefferson Nighthawk, dont le corps est maintenu en hibernation depuis plus d'un siècle, dans l'attente du remède qui le sauvera de sa maladie ? Est-il quelqu'un d'autre, dont il ignore encore tout ? Ses employeurs ne se posent pas cette question fine, pour eux, il est juste un outil redoutable, une arme vivante, destiné à remplir un contrat, quelque part sur la Frontière, là où ne règne que la loi du plus fort. Le jeune tueur sera donc expédié sur une planète glacée, où il se frottera à des adversaires taillés à sa mesure. Une belle mutante à la peau bleue lui fera tourner la tête, qu'il n'a pas bien pleine justement. Un homme à la peau écailleuse, et une boule de poils jaunes affectueuse, s'attacheront au moindre de ses pas. Il s'ensuivra des aventures à rebondissements, d'une planète à l'autre, jusqu'à la confrontation finale avec ceux qui tirent les ficelles de son destin.
Annoncé comme le premier volet d'une trilogie, le Faiseur de veuves est un roman d'aventures au premier degré, un western qui joue des clichés du genre dans un cadre spatial, et qui malheureusement ne tient pas ses promesses. Après un prologue intéressant qui pose les problèmes de l'action, le récit suit une progression rapide, mais l'intrigue se perd tout aussi rapidement dans une machination dont les ressorts sont à peine effleurés. L'impression d'ensemble est celle d'un roman facile, écrit à la hâte. Les personnages n'y ont aucune épaisseur, les problèmes d'identité du clone tombent à plat. L'essentiel du style consistant en dialogues tirés à la mitrailleuse, on tourne vite les pages, mais je ne dirais en aucun cas de ce livre qu'il soit un page turner. Dans mon cas, la lecture de la trilogie s'arrête ici.
Denoël souhaite peut-être lancer par la bande une sous-collection de romans d'aventures. Où va "Présence du futur" ? [1]
Notes
[1] Question que je me pose en examinant le logo de l'étoile sur laquelle un gentil dragon s'est superposé, avec les deux romans — très bons au demeurant — de Kitty Doom.