Benjamin Legrand : Avril et des poussières
roman de Science-Fiction, 1998
- par ailleurs :
Pour perpétuer l'amour qu'il porte à Laura, Antonio part à l'aventure, à la recherche d'un moulin à prières d'un genre particulier. Laura a été tuée par Seth, un des demi-dieux (?) maîtres desdits moulins, qui entraîne Antonio dans le tourbillon du temps et de l'espace. Pour réaliser son rêve, Marie a menti à son Abnégation l'archiprêtre et se retrouve au milieu des pionniers qui vont coloniser une nouvelle planète. Marie rêvait de retrouver les trois pionniers terriens (deux hommes et une femme) qui se sont les premiers posés sur Mars.
Cousue de fil blanc, l'intrigue est presque tout de suite — disons vers la page 40 — comprise par le lecteur. Tout cela n'est pas neuf et surtout n'est pas raconté sur un ton original. Sauf à considérer un style plat ou médiocre comme une preuve d'originalité. Peut-être aurais-je dû lire le premier roman publié de Legrand, la Mécanique des ombres.(1) Mais un pressentiment et un regard sur quelques pages (peu aérées, lourdes de texte) m'avaient fait craindre l'ennui.(2) Pour Avril et des poussières, le rythme du récit, le style qui oscille entre très soutenu et très peu soutenu, le conventionnel des relations et des situations étirées souvent en longueur, comme s'il fallait remplir des pages plus que donner à lire, m'ont fortement ennuyé. Au point que je me demande si cet Avril… n'est pas le premier roman de Legrand, et la Mécanique… le suivant, sans doute plus travaillé pour mériter un prix.
Ces luttes de dieux — trop humains — par humains interposés et pour sauver les humains sont lassantes et, présentées ici avec maladresse, bien éloignées des légendes homériques. Il semblerait que même Legrand ne croie guère à ce qu'il écrit, puisqu'il s'évertue à mettre en exergue de chaque chapitre des citations inventées ou empruntées à des auteurs célèbres comme pour se justifier. En tout cas, ce genre de démonstration, censé faire du chapitre l'illustration de la citation, est lui aussi ennuyeux. La redondance est pénible au lecteur qui perd un peu de son pouvoir.
Le livre lui-même est comme une illustration du pouvoir de l'auteur à lutter pour et contre les humains. Si c'est ce qui fait l'intérêt de cette publication, cela me paraît bien mince…(3)
- (Denoël › Présences, 1996), primé à Gérardmer la même année.↑
- La rédaction tient à rajouter ici son post-sentiment défavorable : après un début original dans sa narration, la Mécanique des ombres se grippe à force de clichés sociaux et dramatiques, et de situations irréfléchies, quoiqu'extraordinaires. — PJT.↑
- Voir plutôt, chez le même éditeur (Denoël › Présence du futur), un Philip Goy intitulé le Livre machine.↑
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