KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Walter M. Miller, Jr. : l'Héritage de Saint Leibowitz

(Saint Leibowitz and the wild horse woman, 1997)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 1999

par ailleurs :

Le roman mêle récits de violences, scènes de vie et descriptions de régimes politiques, tout comme chars d'assaut et flèches et arcs. En fait, Miller dresse une galerie de portraits en situation (ceux du pape Amen et du Vieux Juif (errant) sont grandioses), où chaque portraituré semble mener sa propre vie sans avoir conscience du fait que celle-ci participe de celle des autres. Seul Dent-Noire se demande régulièrement ce qu'il fait au milieu des autres et s'interroge sur les motifs qui font agir les Hommes, et sur le monde dans lequel il vit.

Miller propose une vision chaotique du monde et cherche tout ce qui peut l'unifier. Mais ni la religion, ni la langue, ni la guerre, et encore moins la manipulation ne peuvent faire en sorte que l'Homme cesse de se comporter égoïstement, même au nom d'une grande idée. Seules les femmes, les mères-matriarches des peuples des plaines semblent trouver grâce à ses yeux.

Roman d'une troublante densité, l'Héritage de Saint Leibowitz laisse en fin de lecture une lourde impression d'incomplétude de l'Homme. Ce roman me paraît d'un noir pessimisme dans la mesure où la “rédemption” de Dent-Noire passe par l'ermitage, la solitude, dans la mesure où l'Homme ne semble y avoir d'autre avenir que de répéter les erreurs du passé au nom de tout un tas de considérations (Dieu, Leibowitz, etc.), et surtout être incapable de savoir ce qui l'“anime”. Mais que cela ne vous empêche pas de le lire, au moins pour vérifier que nous avons lu la même chose.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 31-32, mai 1999

Lire aussi dans KWS une autre chronique de l'Héritage de Saint Leibowitz par Pascal J. Thomas

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