Deux cents ans après les premières pluies de Fils d'argent en provenance de l'Étoile Rouge qui entre à cette époque dans le ciel de Pern, les ordinateurs grillent, les hommes et les dragons se préparent à la pluie, tous les chefs de Fort sauf un.

À petites touches, comme on brosse un tableau, McCaffrey bâtit et fait vivre sous nos yeux toute une société. Une société démocratique qui fait l'apprentissage de cette forme de gouvernement… Comment convaincre les décideurs du mauvais comportement d'un des leurs face au danger ? Par le dessin. Comment transmettre le savoir quand on ne peut plus se fier aux mémoires des ordinateurs ? Par le chant. Vous pouvez objecter qu'il n'y a là que bien peu de nouveauté ; vous n'en trouverez pas non plus dans les rapports humains et amoureux : les hommes sont maladroits et les femmes compréhensives, c'est à peine si les rapports entre humains et dragons peuvent surprendre. Mais il m'étonnerait qu'une fois le livre ouvert vous l'abandonniez facilement. Un style sans effet — la traduction de Simone Hilling est remarquable — qui coule et raconte les choses simples avec une économie de moyens étonnante (on lit les dessins dans l'œil et les commentaires de ceux qui les regardent), voilà ce qui vous retiendra, plus que l'histoire, qui n'use ni de scènes violentes, ni de scènes de sexe.

L'Œil du dragon est le genre de production littéraire que l'on aimerait rencontrer plus souvent. Il procure un plaisir de lecture garanti, tout simplement parce qu'il invente un monde facile et agréable à décrypter.