Hervé Jubert : Sinedeis (les Aventures de Pierre Pèlerin – 1)
roman fantastique et de Science-Fiction, 1999
- par ailleurs :
Avec ce livre,(1) Jubert amorce la chronique des aventures de Pierre Pèlerin, dont le cycle, au vu de ce premier épisode, risque d'être plutôt jubilatoire. La narration témoigne d'un bel entrain et d'un amour du rebondissement qu'on ne peut que saluer si on a le moindrement la fibre feuilletonnesque.
Dans un futur pas trop éloigné, mais plutôt différent, l'Église intéresse la plèbe à ses doctrines en diffusant les aventures de “champions” qui défendent le bon droit ou se tirent de situations impossibles — le plus souvent réglées d'avance —, dans la plus pure tradition de certains programmes télévisés japonais et mexicains. Mais le processus d'entraînement des champions dans la sphère à traumas connaît un raté d'importance lorsqu'il accouche de Pierre Pèlerin. Sur le point d'être écarté, celui-ci est récupéré de justesse par le cardinal Fratri, qui caresse des visées occultes à plus ou moins long terme.
La première mission confiée à Pèlerin sera donc gratinée, car Fratri ne peut pas se permettre de choisir. Et Pèlerin se retrouve donc en route pour une station de forage abandonnée en pleine Mer du Nord, avec pour seule compagnie une ingénieure aux formes dignes d'une couverture d'Hubert de Lartigue.(2)
Comme on pouvait s'y attendre, rien ne se déroulera comme on s'y attendait, mais Pierre Pèlerin se tirera quand même d'affaire, au terme d'une série de péripéties pyrotechniques qui ne dépareraient pas un film de Luc Besson.
Malgré l'impression que j'en donne ci-dessus, il ne faut pas en conclure que c'est de la Science-Fiction : Pèlerin a maille à partir avec un démon, un dieu déchu, le capitaine Nemo et la porte des enfers numéro 3.(3) C'est un peu la recette française : à peu près aucun effort du côté de la vraisemblance scientifique, un soupçon de mise en abyme, une solide dose d'intertextualité, de la confusion des genres à profusion… Dans le cas qui nous intéresse, le résultat est des plus agréables — sans être trop satisfaisant pour les amateurs d'une SF plus… dure —, car on ne s'ennuie pas.
Lorsque le roman s'achève, le lecteur reste sur sa faim : des questions restent sans réponse et on sent que Jubert nous ménage une série riche en surprises et révélations. Bref, Sinedeis s'annonce comme une série pour les amateurs d'action qui cherchent avant tout de l'action en Technicolor.
- Cf. également l'éditorial du nº 33 de KWS.↑
- Mais la couverture de J'ai lu est d'Antoine Poullain, dans un style qui rappelle un peu Christopher Foss, je crois.↑
- Une influence possible de Tim Powers sur Jubert transparaît çà et là.↑
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