Le Maraudeur, orgueil de la flotte commerciale de la Baker & Blade Import-Export Corporation, est en orbite autour de la planète Terniog 2. Plusieurs membres de l'équipage sont déjà descendus à terre pour s'enquérir de la situation politico-socio-économique des lieux. Andy Sherwood, un des quatre associés de la compagnie de B&B Co., et le jeune n'gharien Xhyvor vont ainsi se trouver mêlés à de bien étranges aventures. Ils viennent en aide à un jeune provincial, nommé Dâ'hargnand, venu à la capitale pour s'engager dans la prestigieuse compagnie des kilmani du Roi. Il portait sur lui une lettre de recommandation de son père, mais un balafré la lui a dérobée. Sherwood se prend tout naturellement d'affection pour cette tête brûlée, au caractère aussi bien trempé que sa fine lame, dont il est difficile de dompter l'impétuosité naturelle. Il se décide donc à l'aider à accomplir son rêve.

Il y a bien longtemps que je n'avais lu du Jimmy Guieu. C'était à une époque où les notes de bas de page servaient à préciser que les événements décrits étaient rigoureusement authentiques. C'était à une époque où Gilles Novak, rédacteur en chef de LEM,⁽¹⁾ perçait les secrets du triangle des Bermudes.⁽²⁾ Désormais, les notes de bas de page servent à définir les termes extraterrestres utilisés au cours du récit⁽³⁾ ou à indiquer les liens avec d'autres aventures de Baker et Blade. C'était aussi à une époque où l'auteur écrivait sérieusement des histoires qui ne l'étaient pas forcément. Aujourd'hui, il semble que Jimmy Guieu — et son équipe — ne se prennent pas au sérieux du tout. C'est ainsi qu'il entraîne le lecteur dans une aventure qui ressemble furieusement à un pastiche des Trois mousquetaires. Mais le lecteur est-il réellement dupe ? Certainement pas, ni les héros d'ailleurs. Comme on peut s'en apercevoir page 177, lorsque le biographe officiel de Baker et Blade, Meyercomb Westminster, fait une apparition, dans le délire d'un Andy Sherwood agonisant,⁽⁴⁾ victime d'un empoisonnement, pour déclarer : « Cela ne s'appelle pas du pastiche, disons simplement un bel hommage. C'est ce bon vieux Dumas qui doit se retourner dans sa tombe en voyant l'utilisation que vous faites de certains de ses personnages… ».

De toute façon, la parodie ne va pas jusqu'à son terme puisque Dâ'hargnand ne récupère pas les ferrets de la reine, même s'il affronte une redoutable émule de Milady de Winter, Niâ'halla. Et que, finalement, Dâ'hargnand se révèle être le fils bâtard de celle-ci, un peu à la manière d'une héroïne de Paul Féval. Guieu (et compagnie) n'est peut-être pas l'auteur de best-sellers que son palmarès,⁽⁵⁾ inscrit en page de titre, pourrait laisser croire, mais il est⁽⁶⁾ — ou ils sont — un auteur qu'on peut lire sans prise de tête, au style débordant de vitalité et d'humour, voire d'un brin d'autodérision.