Francis Berthelot : la Boîte à chimères
nouvelles fantastiques et de Science-Fiction, 2000
- par ailleurs :
Berthelot est un auteur rare, peut-être trop à la lecture des petites perles qui sont réunies ici. La plus ancienne, vieille de quinze ans, "l'Os érectile", fut publiée dans Gai pied hebdo du temps de sa splendeur ; la plus récente, "les Camionneurs de Noël", seule inédite, est datée de mai 1998. Entre-temps, l'auteur n'a écrit que huit nouvelles dont deux pour le recueil Malgré le monde de Limite paru en 1987. Mais il a aussi donné deux romans primés (la Ville au fond de l'œil : prix Rosny aîné 1987 ; Rivage des intouchables : Grand prix de la Science-Fiction Française 1991) et un essai récompensé (la Métamorphose généralisée : Grand prix de l'Imaginaire 1995). Vous avouerez que s'il est peu prolixe, l'auteur Berthelot donne à lire des œuvres de qualité. L'écriture, le style de Berthelot, dénudé, ciselé, suggère des images fortes comme si elles allaient de soi… Ce qui est bien souvent le cas.
Pour ce qui est de ce recueil à proprement parler, il ressemble à un entracte entre Mélusath [ 1 ] [ 2 ] publié en 1999 et un roman “primable” à paraître sans doute en 2001.(1)
Dix nouvelles donc, entre "l'Os érectile" qu'une lecture rapide pourrait qualifier de pochade, et "les Camionneurs de Noël" qui relève du conte pervers, et aurait pu paraître dans le même support. Dix variations sur le même thème de l'identité sexuelle plus ou moins bien et/ou plus ou moins volontairement camouflée — un recueil à ne pas mettre entre les mains des bien-pensants, à moins d'être sûr de pouvoir canaliser leurs réactions.
Les nostalgiques ou les possesseurs d'une bonne mémoire qui reliront "le Point de vue de la cafetière" et "le Parc zoonirique" ne contrediront pas cette définition du/d'un thème cher à Berthelot. Les personnages sont toujours en quête d'une identité, d'une personnalité comme si ce que la nature leur a génétiquement attribué pouvait être modifié au gré des désirs ou des rencontres ou encore des questions que le réel impose (questions du genre : Suis-je moi-même ou un produit de la société ? Si je suis bien moi, pourquoi la société veut-elle que je sois autre chose ?). Ce qui fait l'intérêt de ces textes, c'est que Berthelot répond à cette quête hors de notre monde, hors de notre réalité. Comme si le monde de l'écriture, l'imaginaire autorisait toutes les métamorphoses.
Le monde de Kafka, sombre et gris, délayé dans celui d'Ovide, plus gai sans doute, mais toujours lui aussi soumis à la punition. La punition qui châtie celui qui se pose des questions… qui ne se contente pas de bien se comporter en société, qui cherche à s'évader.
- Le Jeu du cormoran, mais qui n'a pas eu de prix… — Note de Quarante-Deux.↑
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