Stanislas Deprez : Mircea Eliade : la philosophie du sacré
essai, 1999
- par ailleurs :
La personnalité de Mircea Eliade offre de nombreuses facettes : on connaît le mythologue, l'orientaliste, l'écrivain fantastique… C'est le philosophe que nous présente Stanislas Deprez dans cette courte monographie. Selon le penseur roumain, l'homme moderne, confronté à la désacralisation du monde occidental, doit réinventer sa place au sein du Cosmos en tirant les leçons de l'histoire des religions. Il convie cet être “profane” à découvrir l'homo religiosus qui sommeille dans son inconscient. À cette fin, Eliade propose une méthode basée sur la phénoménologie et l'herméneutique, que Stanislas Deprez rend intelligible et défend, à l'occasion, contre un certain nombre de griefs.
Cette immersion au cœur des thèses éliadiennes suscite évidemment l'irritation du lecteur rationaliste, dont l'opinion est assimilée au nihilisme. La foi conditionne, pour une large part, l'adhésion aux conceptions de l'auteur roumain qui considère le choix de la démystification comme une « attitude de facilité »
. Las, nul n'est tenu de s'extasier sur l'universalité des mythes. Il est logique que le cerveau humain donne, en différents points du globe, des réponses comparables aux phénomènes naturels. Interviennent ensuite quantité de paramètres (historiques ou sociologiques) susceptibles de compliquer les données du problème… mais aussi de le résoudre, pour peu que l'on se penche sérieusement dessus !
D'un autre côté, il semble difficile d'ignorer les options philosophiques et méthodologiques de Mircea Eliade, dans la mesure où elles continuent d'influencer la critique littéraire, prompte à chercher des éléments d'analyse en dehors du champ linguistique. Simone Vierne, par exemple, avoue avoir élaboré une méthode d'exploration des textes de Jules Verne grâce aux travaux de l'écrivain roumain.(1) Les rationalistes, à l'instar des mystiques, trouveront donc quelque intérêt à l'ouvrage de Stanislas Deprez. Celui-ci a le mérite d'établir avec précision la place d'Eliade dans l'histoire philosophique. Le reste est affaire de conviction…
- "La Littérature sous la lumière des mythes" dans le Cahier de l'Herne Mircea Eliade dirigé par Constantin Tacou, 1978 (repris au Livre de Poche › Biblio/Essais, nº 4033, 1985, p. 274).↑
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