KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Denis Guiot : Graines de futurs

anthologie de Science-Fiction française pour la jeunesse, 2000

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

Comparaison audacieuse et sportive : les directeurs de collection subissent-ils le même sort que les entraîneurs de football ? Alors que ce sont en grande partie les lecteurs qui sont responsables des échecs et, au moins à mon avis, ceux qui fabriquent les lecteurs. Denis Guiot qui, si ma mémoire est bonne, doit émarger aussi à l'Éducation nationale, comprendra sûrement. Il était chez Hachette pour "Vertige Science-Fiction" où on ne peut pas dire qu'il ait fait du mauvais travail, et le voilà chez Mango Jeunesse avec "Autres mondes", une collection ambitieuse et d'aspect agréable (couvertures de Manchu). Dont trois titres constituent la première livraison.(1)

Graines de futurs propose, outre une préface d'Albert Jacquard, identique à lui-même, sept nouvelles dues aux auteurs fétiches de l'anthologiste — on remarquera l'absence de Jean-Marc Ligny, remplacé par Joëlle Wintrebert, ce dont pour ma part et dans ce genre de collection je ne me plaindrai pas.

Je ne pense pas qu'il y ait une recette parfaitement pertinente pour ce qui est de l'ordre des nouvelles, mais j'avoue que je ne comprends pas pourquoi celle-ci s'ouvre et se clôt sur les textes les plus faibles. Si le lecteur n'a pas décroché après "le Souffle d'Éole" de Danielle Martinigol et Alain Grousset, pseudo histoire de meurtre en chambre close, desservie par une écriture plate…, il se retrouve avec Christian Grenier et "un Personnage en quête de cœur" (hommage à Pirandello), plaisante et grave mésaventure d'un écrivain qui utilise des logiciels particuliers. Puis il a droit à du Jean-Pierre Hubert au mieux de sa forme et un peu pervers qui, avec "le Septième clone", aborde le comportement humain. Et s'il n'y avait le texte de Wintrebert, c'est à Hubert que je donnerais la palme.

Mais avant le texte de Joëlle, le lecteur doit passer par celui de cet auteur bicéphale qu'est Ange, "le Fantôme de la tour Aiguille", qui traite fort poétiquement de la virtualité. "L'Oasis" de Wintrebert reprend en partie l'idée de son Lentement s'empoisonnent [ 1 ] [ 2 ], avec ce qu'il faut d'humour et de finesse. Robert Belfiore livre avec "la Petite joueuse d'échecs" une approche ludique de la maison folle.

Et plouf ! en lieu et place d'une apothéose, c'est le retour de Christophe Lambert avec un texte au titre pédagogique en anglais "Fly me to the Moon" qui raconte une de ses admirations en croyant nous donner à lire…

Bilan : cinq textes de bonne tenue, distrayants ou poétiques, qui offrent un bref tableau de l'avenir, encadrés par deux dont, pour un au moins, on se demande ce qu'ils font là.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 38, janvier 2001

Lire aussi dans KWS une chronique de l'anthologie les Visages de l'humain par Noé Gaillard


  1. Cf. chroniques des romans l'Œil des dieux d'Ange et les Cendres de Ligna de Jean-Pierre Hubert ailleurs dans ce numéro. —NdlR.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.