Voilà un bel hommage à Sa majesté des mouches de William Golding, puisqu'il s'agit de rapports violents entre enfants dans un espace clos. Des enfants et des pré-ados enfermés dans une bulle qui se dégrade et ne leur fournit plus la nourriture nécessaire. Trois groupes de tailles inégales. Des filles et des garçons livrés à eux-mêmes qui, tout en se combattant, font l'apprentissage de leur univers. Seul un groupe de trois individus, dont un blessé, a entrepris de chercher à comprendre le pourquoi de la dégradation de leurs conditions de vie. Ainsi le roman se partage entre l'organisation et l'exécution de batailles rangées d'une part, et d'autre part la recherche de solutions. Puis un jour, un enfant meurt et à partir de là l'univers s'ouvre, les enfants pénètrent dans la réalité.

C'est bien fait. Les analyses que l'héroïne fait sur sa situation sont justes, sa prise de conscience de ses sentiments à l'égard du blessé est bien menée. Il s'agit d'un roman qui ne laisse pas de souvenirs impérissables mais qui induit un double regard sur le monde. Ainsi le jeune lecteur à qui ce roman s'adresse notera la fragilité, et l'indifférence, du monde à l'égard de ceux qui y vivent, et constatera la puérilité de ses luttes d'enfants qui débouchent sur la mort.

À noter qu'il s'agit aussi d'un livre qui, s'il fait référence aux dieux, au moins par le titre et par la crédulité des enfants, refuse, peut-être comme les enfants eux-mêmes, tout l'arsenal de la religion. S'imposant en quelque sorte une honnêteté intellectuelle que beaucoup pourraient lui envier.