KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Lisa Goldstein : Roi de l'été, fou de l'hiver

(Summer king, winter fool, 1994)

roman de Fantasy

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

Un monde de capes et d'épées, de manants et de sorciers et sorcières, un monde qui ne compte que deux saisons, et qui au moment du changement se donne un nouveau roi. Et bien sûr un héros timide et emprunté, qui deviendra roi parce que c'est sa destinée.

Rien de bien nouveau dans cette histoire d'apprentissage au sens propre, dans cette initiation au monde, si ce n'est bien sûr ce monde particulier. Qu'est-ce qui peut pousser un éditeur à publier ce type de romans ? Le nom de l'auteur qui commence à être connu des lecteurs ? Le savant dosage entre SF et Fantasy qui en constitue l'essentiel ? Le pittoresque des personnages ? Certainement un peu de tout cela, mais j'ajouterai — excusez-moi d'avoir tardé — la réflexion sur le pouvoir, les livres et sur le ou les dieux.

Non une réflexion où l'individu s'interroge et fournit ses réponses, mais une réflexion par l'exemple. En visitant son monde, le héros découvre deux types de pouvoir. Le premier, conféré par la naissance, l'intrigue, l'argent, le crime, etc., pouvoir qui bien sûr ne satisfait pas le héros, et est presque naturellement voué à l'échec. Le second, obtenu et conservé par la connaissance des Hommes et des livres, celui dont on dispose quand on vit en bonne intelligence. Il s'obtient par la patience et l'écoute, le partage et le respect. Et les livres qui, ici, sont dans une bibliothèque vivante depuis qu'ils sont interdits.

Interdits parce que ceux qui savaient s'en servir en ont fait un mauvais usage pour s'arroger un pouvoir coercitif et guerrier. Enfermés dans une bibliothèque dont la gardienne est l'héroïne et qui vit au point d'être l'immensité sur un espace réduit. Elle vit aussi par le fait qu'elle est menaçante pour les gens dangereux — les incultes ? — mais peut-être est-ce la simple présence des livres qui est menaçante. Quant à la réflexion sur les dieux, elle nous ramène au pouvoir puisqu'en fait le seul qui soit vraiment légitime, reconnu, c'est celui du Dieu qui donne son fils comme roi… Belle métaphore, non ?

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 39, juin 2001

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