KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jean Bonnefoy & Gérard Briais : la Forteresse de métal

roman de Science-Fiction, 2001

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

D'abord une petite remarque : pourquoi avoir publié ce roman dans la catégorie Fantasy au lieu de SF ? Je crois avoir une petite réponse : parce qu'en SF, il n'était pas assez original. Pourquoi, dans ce cas, l'avoir publié tout court ? Là, je crois tenir la réponse : ce n'est pas, comme pourraient le croire certains, pour faire plaisir aux auteurs dont l'un, si ma mémoire est bonne, est un traducteur maison ; c'est, à mon avis, parce qu'il s'agit d'une parodie…

Une parodie qui branche sur le même secteur Magma de Christian Vander et William Gibson, mais peut-être devrais-je dire une somme plutôt qu'une parodie. Ou un jeu de rôles dynamité dès le départ par un regard critique qui se traduit par un gonflement des effets. Comment croire un seul instant à cette histoire qui mêle le Moyen Âge et l'époque contemporaine ? Mais comment ne pas accepter ce qui est raconté, tant les efforts pour rendre les atmosphères nous donnent l'impression d'être plongés dans ces époques…

Comment ne pas accepter les distorsions temporelles quand elles sont si justement rendues par le choix de mots et l'ambiance qui en résulte.

Il fallait bien une trame à tout cela : elle raconte à travers des retrouvailles musicales les années 70, et met en scène un héros flou, qui mène le jeu autant qu'il est mené par lui — je cite de mémoire : « Si nous ne comprenons rien à ce qui se trame, feignons d'en être les organisateurs. ». Ainsi, pour moi, aussi bien les auteurs que le directeur de collection se sont fait plaisir, et je crois que les lecteurs ont éprouvé un certain plaisir aussi, du moins j'espère.

En fait et pour revenir à l'idée de parodie, les jeux de langage, les champs lexicaux bien travaillés pourraient démontrer ce que c'est qu'écrire : bâtir un monde avec des mots. Et nos auteurs ont poussé l'idée jusqu'à reconstruire plusieurs univers entremêlés qui explosent à la figure des lecteurs, ne laissant après le bruit et la fureur qu'un grand silence… encore de bruits — ou de musique — et de fureur…

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 39, juin 2001

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