Anne McCaffrey : Terre d'élection (les Hommes libres – 3)
(Catteni sequence – 3: Freedom's challenge, 1998)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Commençons par les récriminations : le volume a dû être écrit vite, et traduit de même. Ainsi, côté auteur, on rencontre « une bande de petits durs : six Noirs, huit Blancs, deux Japonais, une Chinoise et un Français »
— mais râler ici, n'est-ce pas raciste ? Côté traductrice, on a des lourdeurs, des impropriétés (le métro de Chicago ne date pas vraiment des « années 1800 »
, qui finissent vers 1810 ; aménités ou bête noire sont de faux amis, etc.), des notes oiseuses (par exemple sur un calembour à propos du Band Aid pour l'Afrique) mais un prudent silence sur un titre volontairement esquinté, où il pourrait s'agir d'influence des rayons gamma sur le développement des marguerites. Par ailleurs, en français, pour respecter le jeu de mots d'Oscar Wilde, on ne parle pas de « l'importance d'être sérieux »
: Earnest devient Constant. And so on.
Reste qu'il n'y a pas lieu de hurler. Parce que c'est du feuilleton tout à fait assumé, que l'on peut prendre en route sans être perdu, et qui lance des clins d'œil à la Sci-Fi, de Star trek à Star wars (à côté de Kipling et de Jane Austen). Parce que c'est publié directement en poche, que ce n'est pas cher, que ça se dévore plus que ça ne se déguste, et que les scories s'oublient dans le flot de l'action. Car il y a de l'action, malgré ce que suggère la (belle) couverture ; méchants extraterrestres et extraterrestres pas si méchants mais vampirisés par d'autres, déguisements et coups d'audace, raids spatiaux, ceinture d'astéroïdes, bulle planétaire protectrice protégeant d'un pilonnage ennemi, etc. En prime, on s'attache aux héros, des terriens de la fin du xxe siècle — c'est donc devenu uchronique… — déportés sur une planète agricole après une invasion d'outre-espace et se rebellant, aidés par un envahisseur qui a pris leur parti, et des représentants d'autres espèces pensantes partageant leur sort. On s'attache surtout à l'héroïne, et quoi qu'on pense des péripéties sentimentalo-familiales, elles ont le mérite de parler d'antiracisme, de tolérance, de liberté. Le tout d'autant plus sympathique que libre arbitre et esprit pionnier sont clairement associés à la solidarité et l'égalité, avec au passage une brève et radicale liquidation des racismes liés au fondamentalisme biblique. Bref, cela fait passer un fort bon moment. De quoi se plaint-on ?
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