KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Éric Simard : les Chimères de la Mort

roman de Science-Fiction pour la jeunesse, 2001

chronique par Noé Gaillard, 2002

par ailleurs :

Attention ! titre trompeur… En effet, même si Sorg Lancray, le héros de l'histoire, est le maître de ces chimères (être vivant obtenu par manipulation embryonnaire ou génétique à partir de deux ou plusieurs individus d'espèces différentes — note p. 10) qui ont été dressées pour combattre et tuer, le personnage principal est Onyx la “chimère” que lui lègue Bran, son frère.

Attention ! roman “sérieux” et quelque peu adulte. En effet, si l'on occulte l'idée de la révolte sur la Lune et les diverses technologies qui nous prouvent que nous sommes bien dans un roman de SF, les deux autres thèmes qui structurent ce roman, les rapports familiaux et le dressage des chimères, proposent des sujets de réflexion très intéressants — peut-être un peu schématiques mais relativement sans complaisance.

Côté rapports familiaux, Éric Simard traite bien sûr de la révolte contre le père (Bran) mais aussi de la parfaite soumission à ce dernier (Sorg). Et donc des rapports conflictuels entre les deux frères — il va de soi que l'opposition familiale se retrouve sur le plan social : les frères appartiennent à des clans politiques opposés, dominés par la figure d'un père militaire et dompteur de génie avec lequel les bienfaits de la technique permettent à Sorg de dialoguer par-delà la mort.

Côté dressage, Simard oppose le violent Sorg, qui associe carotte et bâton, et le doux Octavio (vieux serviteur de la famille) qui cherche à comprendre. Onyx se révélera bien sûr autre chose qu'une “banale” chimère, et ainsi Sorg, ayant compris un peu mieux l'idée de différence, pourra mettre fin à la liaison post mortem et technique avec son père.

Devant cette relative complexité, et surtout les divers niveaux de lecture, on regrettera une écriture un peu plate, en tout cas dépourvue d'image “poétique” forte… sans doute inspirée par la carrière télévisuelle de l'auteur. C'est à nous d'imaginer ce que la caméra nous montrerait et je veux bien croire qu'un “enfant” de onze ans — puisque cette collection s'adresse à ceux qui ont au moins cet âge — soit lui parfaitement capable de s'imaginer les chimères qu'il veut.

À mon avis, un très bon petit cadeau de Noël pour amateur ou non de SF.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 41-42, janvier 2002

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