KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jean-Michel Calvez : la Boucle d'octobre

roman de Science-Fiction, 2006

chronique par Philippe Paygnard, 2009

par ailleurs :

La Vague a définitivement modifié la façon de vivre des habitants de la cité. Sa survenance brutale a créé des décalages temporels variables selon la proximité des habitants de son point d'origine. Certains vivent désormais en ayant quelques secondes voire quelques minutes d'avance sur leurs contemporains, leur permettant d'anticiper le futur proche. Dans ce monde incertain, la criminalité a fait un bond extraordinaire et l'insécurité est devenue une nouvelle façon de vivre. Au milieu de ce chaos, certains veulent rétablir le cours naturel des choses. Électronicien, Arto Neumann fait partie de la petite équipe de spécialistes réunie pour tenter cette mission de la dernière chance.

Chacun des romans de Jean-Michel Calvez est une véritable surprise. Il nous entraîne, à chaque fois, vers des univers totalement différents, qu'il s'agisse de cette planète lointaine où sévit un mystérieux syndrome transmissible par les yeux (STYx, 2007) ou de la catastrophe très peu naturelle qui projette la planète Terre dans une course folle au milieu de l'espace (l'Arène des géants, 2008). Pour cette Boucle d'octobre, parue en 2006, Jean-Michel Calvez situe son action dans une mégalopole qui, par bien des aspects, fait penser à l'architecture urbaine monumentale d'une ville d'un pays de l'Est. Dans ce décor éminemment daté, Calvez joue ensuite avec le temps, mais d'une manière assez peu conventionnelle.

Dès le premier chapitre, il met ainsi en place, avec des personnages secondaires et éphémères, les bases de ce monde dont les habitants sont frappés, depuis une mystérieuse Vague, de décalages temporels variables selon les individus. Et, s'il y a bien finalement, dans les ultimes pages du roman, un véritable voyage dans le temps et un très joli paradoxe temporel, la création la plus impressionnante de Jean-Michel Calvez reste à l'évidence sa description d'une société qui tente, avec la plus grande difficulté, de se recomposer après s'être pratiquement décomposée sous l'effet de cette Vague. L'exemple d'Arto est à cet égard tout à fait représentatif des dégâts causés par la Vague puisque lui et sa femme se retrouvent décalés de quelques secondes à peine de leur bébé, ce qui transforme leur vie de famille en un véritable enfer. Le quotidien d'Arto permet de comprendre l'état de déliquescence dans lequel se retrouve la ville tout entière.

La Boucle d'octobre peut laisser une impression d'inachevé parce que Jean-Michel Calvez propose une fin qui joue à plein avec le concept de paradoxe temporel sans donner une réelle fin à l'aventure d'Arto. Malgré son retour dans le passé, ce dernier ne peut empêcher l'apparition de la Vague et sera contraint de la revivre en toute conscience. Cependant, à travers les idées qu'il développe et surtout la manière dont il le fait, méthodique et scientifique, sans pour autant oublier l'aspect humain, Jean-Michel Calvez prouve qu'il est, au-delà de quelques défauts de jeunesse, un auteur à suivre dans le microcosme des littératures de l'imaginaire francophone, et tout particulièrement de la Science-Fiction.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 64, novembre 2009

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