KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Tom Piccirilli : la Rédemption du marchand de sable

(the Dead letters, 2006)

roman policier fantastique

chronique par Noé Gaillard, 2009

par ailleurs :

J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans une chronique pour ce roman. C'est une œuvre inclassable, non étiquetable, un olni (objet littéraire non identifiable, ou non identifié) qui ne peut laisser indifférent. À moins que l'on ne considère le personnage du tueur/kidnappeur d'enfants maltraités non comme un psychopathe mais comme un possédé du Diable (fantastique) ou comme un extraterrestre. Pour ma part et parce que le roman me semble d'un réalisme certain, je préfère la version psychopathe.

Mais commençons donc par le commencement, et par le bref résumé de l'histoire — rassurez-vous, je ne vous dévoilerai pas la fin, trop prévisible à mes yeux.

Whitt, Eddie de son prénom, est à la recherche de Killjoy, assassin de sa fille et épistolaire obsessif. Avant de devenir une sorte de “privé” — on verrait bien Robert Mitchum ou Tom Hanks dans le rôle —, il travaillait dans la publicité et s'était fait un nom dans l'entreprise de son beau-père. Killjoy a proposé à Whitt et à sa femme, Karen, une fille de substitution ; Whitt l'a rendue aux autorités et Karen est devenue folle, protégée dans un asile de luxe. Whitt vit grâce à la générosité de son beau-père, qui commence à ne plus croire aux capacités de son gendre à résoudre l'énigme Killjoy et à venger sa petite-fille. De son métier d'avant, Eddie a gardé un ami, Freddie ; dans sa nouvelle situation, il est mal vu par le policier de service avant que l'affaire passe aux mains d'une femme qui est moins obtuse…

Voilà grosso modo pour la trame. Pour le dessin, je vous propose de parler d'un livre sur la violence et sur le rôle du voyeur. Violence parce qu'entre celle subie par les enfants ou les personnages secondaires et celle infligée/subie par le héros, qu'elle soit physique ou verbale, nous sommes pris dans un étau. Voyeur parce que l'auteur, en écrivant à la troisième personne, en relatant, nous place en situation de voyeur, nous contraint à infliger ou subir ces violences. Intolérable violence faite aux enfants “innocents”, nous voilà impitoyables juges et parties — comment ne pas être d'accord. Mais intolérable violence faite à et par Whitt sous nos yeux lanceurs d'éclairs et notre esprit qui se vautre avec plaisir dans la vision du couteau planté dans un ventre, est-ce bien raisonnable ? Nous sommes loin de la violence fantasmée sous l'emprise de quelque croyance irrationnelle de Jonathan Carroll (il doit bien en traîner un ou deux dans votre bibliothèque, votre cave ou votre grenier ?). Et Piccirilli ne nous laisse aucune échappatoire, il nous condamne avec une violence certaine et réaliste.

À mon sens, il serait souhaitable que beaucoup lisent ce roman, on ne sait jamais…

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