Sean McFarrel : l'Antre des écorcheurs (les Sanguinaires – 6)
roman d'Horreur médiévale, 2009
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Jouant toujours les chevaliers, Thibaut l'écuyer et ses compagnons de route, les Troubadours Taureau, la Pie et la Belette, escortent, à travers les montagnes enneigées, une caravane de marchands. Cette aventure, qui devait être rémunératrice pour eux, se révèle rapidement fort périlleuse car des routiers guettent le moindre voyageur égaré sur leur territoire. Pourtant, les attaques de ces brigands ne sont rien par rapport au péril qui attend le petit convoi à l'approche du village de Peyrebeille et de son auberge étrangement isolée.
À première vue, derrière son rouge logo et sa sombre couverture, l'Antre des écorcheurs fleure bon la Fantasy, le genre le plus vendeur des littératures de l'Imaginaire. Mais il suffit de lire quelques pages de ce court roman pour se retrouver plongé dans un Moyen Âge qui n'a rien de fantastique ou de féerique. Sean McFarrel nous entraîne ainsi dans un univers médiéval qui, s'il n'est pas forcément totalement authentique, reste entièrement réaliste et ne fait nullement appel à la magie ou au bestiaire habituel de la Fantasy. C'est d'ailleurs un trait commun de l'ensemble des titres de la Série des Sanguinaires, qui évite soigneusement la Fantasy pour jouer le jeu d'un mélange des genres créant ainsi des thrillers médiévaux, à la manière du Nom de la rose d'Umberto Eco, ou, comme c'est le cas ici, de la véritable horreur médiévale.
Avec l'Antre des écorcheurs, Sean McFarrel s'inspire sans le dissimuler (cf. son avertissement préliminaire) de l'histoire bien connue de l'Auberge rouge, déjà mise en images au cinéma. Mais, là où les cinéastes Claude Autant-Lara, en 1951, et Gérard Krawczyk, en 2007, transforment, avec plus ou moins de réussite, le fait divers criminel du xixe siècle en comédie, McFarrel le transpose au cœur du Moyen Âge et en fait un pur et total récit d'horreur. Cependant, ce ne sont pas ces moments à la limite du gore qui retiennent le plus l'attention, mais plutôt le soin que prend McFarrel à décrire les relations complexes qu'entretiennent ses quatre personnages principaux : Thibaut, l'écuyer qui a emprunté l'identité de son maître défunt ; Ninon la Belette, qui aime ce jeune jouvenceau mais regarde encore Taureau avec nostalgie ; Taureau, qui cache une certaine mélancolie derrière sa jovialité de colosse ; et la Pie, habile détrousseur et compagnon fidèle de Taureau et de la Belette. Trois hommes et une femme. Trois troubadours et un faux chevalier. Quatre compagnons de voyage. Autant de combinaisons possibles que Sean McFarrel décline dans ce roman, qui mêle habilement les genres médiéval et horrifique.
Petit livre sans prétention, l'Antre des écorcheurs se laisse dévorer sans aucun remords, car Sean McFarrel sait fort bien rendre attachant son quatuor de personnages au milieu d'une aventure rondement menée. Quatre héros ou anti-héros qui, au-delà des apparences, se révèlent bien plus profonds et bien moins caricaturaux qu'il n'y paraît.
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