Mireille Calmel : le Chant des sorcières
première partie d'un roman fantastique en trois tomes, 2008-2009
- par ailleurs :
Le roman historique plus ou moins fantastique a manifestement le vent en poupe. La réimpression rapide de la réédition en poche de celui-ci (l'exemplaire qui m'est tombé sous la main est daté de juillet) en est un témoignage de plus. Tant mieux pour l'auteur.
Au menu, des amours, évidemment, des complots, des méchants, des secrets de famille, et même de la géostratégie à grand rayon d'action avec un calife potentiel, par ailleurs pont également potentiel entre Orient et Occident. Du suspense aussi, rien ne pouvant bien entendu se résoudre dans le premier volume d'une trilogie. Et du Fantastique, ou de la Fantasy : difficile de faire le départ entre les deux, pour un récit situé dans une société qui croit fermement aux fées, à la sorcellerie, etc., même si les premières n'y sont pas présentes au quotidien — il n'y a donc ni irruption hypothétique ou déniée de l'arrière-monde dans un quotidien ordinaire, ni familiarité avec cet arrière-monde, d'où un entre-deux propre à mettre en évidence les approximations des typologies simplificatrices. L'arrière-monde, en l'occurrence, c'est la légende de Mélusine, plus ses sœurs, héritage d'Avalon et du monde de Merlin, plus une celtisation-médiévalisation des Parques, histoire de fournir un ennemi adéquat. Les jalousies, rivalités, histoires d'amour, affaires de fesses ou de famille s'en trouvent assez astucieusement doublées d'un conflit aux dimensions mythologiques, en plus de l'affaire géostratégique sus-mentionnée. Le tout vers la fin du xve siècle, au moment de la mort de Louis XI…
La circonstance politique nationale semble assez sous-utilisée, mais peut être une amorce pour les volumes suivants ; mais le reste est encore plus sous-utilisé : on ne voit guère le Moyen Âge finissant, on voit encore moins la région où l'histoire est supposée se dérouler, c'est-à-dire les alentours du château de Sassenage, sous les falaises du Vercors, aujourd'hui dans la banlieue grenobloise, et d'où — contrairement à ce qu'écrit l'auteur — il faut de sacrément bons yeux pour apercevoir des neiges éternelles : si la couleur locale peut être tenue pour la plaie du roman historique, son absence totale peut aussi étonner. Avouons-le : seul l'esprit de clocher m'avait fait ouvrir ce volume, d'où quelque déception ; les autres déceptions sont sans doute affaire de goût personnel…
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