KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Olivier Bleys : Canisse

roman de Science-Fiction kitsch, 2010

chronique par Noé Gaillard, 2011

par ailleurs :

Ce texte que j'ai beaucoup de mal à qualifier de roman est présenté avec un bandeau qui met en évidence le nom de l'auteur. Un écrivain prolifique, moult fois récompensé, et qui s'aventure en SF.

Si vous aimez le kitsch, voilà de quoi vous satisfaire. Sinon vous risquez de trouver la comparaison avec Jack Vance (en quatrième de couverture !) un peu excessive.

Bref résumé : Xhan, orphelin et Garde-pêche de l'Unité, atteint d'une tumeur au stade terminal, est envoyé à la retraite avec deux ans d'avance. Un certain Moox lui montre un œil géant de poisson et l'amène aux frontières du système organisé sur la planète-océan où se trouve ce poisson. Là, les contrebandiers pêchent sans retenue tout ce qu'ils peuvent — on ne sait pas trop pourquoi — pendant que des indigènes essaient de survivre aux changements d'humeur de l'océan-planète (à l'écologie peu claire) et aux “patineurs”, que je qualifierai de scorpions d'eau, tout en se nourrissant de coquillages explosifs (⁉). Un poisson géant est repéré et attaqué mais il se défend et Moox meurt ; Xhan, lui, est sauvé et soigné sur la seule île de la planète. Il constate que cette île est peuplée de beaucoup d'ex-garde-pêche. Et l'on finit par apprendre que Xhan est orphelin parce qu'il n'est qu'un réceptacle…

Vous avez sans doute été étonnés de lire le mot "kitsch" au début de cette chronique. Il relève d'un choix. J'ai, en effet, un peu hésité entre considérer ce roman comme une tentative de faire de la SF parodique mais la maladroite comparaison avec « les meilleurs textes de Jack Vance » m'a laissé penser qu'il s'agissait d'un texte sérieux. Alors il ne me restait que “kitsch”. Pour moi, le kitsch c'est l'art de l'hétéroclite assemblé pour donner une image de mauvais goût, bizarre, raté.

Ce qui me fait qualifier ce livre ainsi, ce sont les comparaisons que fait l'auteur. Un de mes petits camarades, auteur primé, passionnant et spécialiste de l'embrassade toulousaine, expliquait dans une leçon d'écriture que si l'on inventait un monde il fallait le décrire au moyen de ses éléments. Sur une planète aux eaux acides et sans île, on trouve difficilement du bois, et les araignées y sont plus des araignées d'eau que des mygales. Or Olivier Bleys compare régulièrement des choses ou des animaux dans son court roman avec des éléments du nôtre. Exemple : « […] la mer avait pris tournure de champ labouré, puis d'un plissement alpin aux amples ondulations, enfin d'une carrière aux cavités profondes et aux éperons vertigineux. ». Vous voyez ce que je veux dire ? (Côté “amples ondulations”, j'aurais plutôt pris le Massif Central…) Et cela ne me semble pas très SF, tout au plus exercice de style raté, une erreur de jeunesse (comme dirait Sheckley). Il écrit aussi des choses indéniablement poétiques : « Même le poisson le plus véloce ne saurait bondir en une minute d'un pétale à l'autre de la rose des vents » ou « un gigantesque cercle d'écume dont le diamètre avoisinait celui de l'horizon ».

Amusez-vous bien…

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 68, mars 2011

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.