M.T. Anderson : Interface
(Feed, 2002)
roman de Science-Fiction pour la jeunesse
- par ailleurs :
Ça commence comme ces téléfilms où de jeunes américains font la fête entre un semestre d'études et un autre. Sauf que c'est dans un futur assez lointain (les prix indiqués en dollars supposent une certaine perpétuation de l'inflation) et au départ sur la Lune. Qu'on fait joujou avec l'absence de gravité (léger problème à résoudre… passons). Et que tout le monde semble relié à la Toile de façon permanente et intégré par une interface. Icelle étant greffée à la naissance ou presque. Bon, on sait que certains n'ont pas les moyens, mais on les plaint vaguement et on n'y pense plus. L'interface permet des discussions silencieuses, à distance illimitée et avec envoi de pièces jointes si nécessaire. Elle permet aussi un e-commerce instantané. Ou un déferlement systématique d'informations et de publicités. Assez peu contrôlable, on l'aura compris. Un accès direct, en principe, à toute l'information. Encore que les compagnies commerciales qui veillent au grain préfèrent que nul n'ait accès à ce qui fâche, à ce qui déprime, à ce qui attriste. Pas trop à la situation globale du pays, par exemple, ou à son image internationale.
Bref, que tout cela pourrait bien ressembler à une dictature molle. Ce qui est un chouïa politiquement correct, il faut bien l'avouer. Même si l'École™ où on apprend surtout à être un bon consommateur, parce que de toute façon l'information est à la disposition de tous, fait partie des choses que l'on souhaite voir cacher le plus longtemps possible à l'actuel (2011) ministre de l'Éducation nationale, même s'il n'a pas besoin de ça pour dérailler, encouragé par un président de la République qui ne se remet toujours pas d'avoir été mordu par une princesse de Clèves dans son enfance. Passons.
Il y avait là de quoi faire une pochade. Une nouvelle. S'y ajoute une sorte d'attentat, un débranchage sauvage de tout un groupe. La nouvelle s'étoffe. Et une fille à qui l'interface a été plus tardivement greffée qu'à d'autres ne s'en remet pas. Et glisse vers la mort. Ceci vu par son petit copain, le narrateur, qui a assez de défauts pour que le lecteur puisse se projeter en trouvant que lui-même ne se comporterait probablement pas comme ça, ce qui est toujours émotionnellement satisfaisant. On pensera éventuellement à Love story. De là à en déduire qu'il s'agit d'une imitation sciencefictionnisée de la littérature industrielle la mieux formatée qui soit, il n'y a qu'un pas. Même si c'est supposé plus adapté à l'état actuel de la société. Pas que ce soit si mal ficelé que ça, d'ailleurs… M'enfin… Comment dire ? Ça aurait pu faire une bonne nouvelle, sans doute.
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