Oksana & Gil Prou : Katharsis
roman de Science-Fiction, 2010
- par ailleurs :
Juillet 2033 : Katharsis, un groupe d'éco-terroristes, menace le monde, car il estime que « l'Homme a failli à sa mission ». Pour empêcher la catastrophe climatique annoncée depuis des lustres, il ne laisse que dix-huit jours aux autorités internationales pour réformer l'Humanité en accédant à trois requêtes essentielles : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 %, arrêter la déforestation des zones tropicales et mettre fin à l'esclavage économique. Face à un tel chantage, que certains ne veulent même pas prendre au sérieux, Katrin Thoroddsen, secrétaire générale de l'ONU, doit faire preuve de sang-froid afin de gérer une crise internationale et une fin du monde annoncée.
Partant d'une idée intéressante et totalement dans l'air du temps, Oksana et Gil Prou livrent un roman qui, pour un thriller écologique, manque singulièrement d'énergie. Délaissant l'action pour le débat, les deux auteurs laissent leurs multiples personnages, parfois à peine esquissés ou dont le potentiel dramatique n'est pas pleinement exploité, s'engluer dans des discussions répétitives, ressassant les mêmes arguments qui ne font guère avancer l'intrigue malgré l'implacable pression d'un compte à rebours vers l'Apocalypse. Plus que le fond, c'est définitivement la forme qui pèche, principalement à cause du manque de naturel des dialogues trop intellectualisés, du choix d'un vocabulaire trop recherché pouvant parfois conduire à quelques fâcheux contresens. Car il ne suffit pas de baptiser ses personnages de prénoms aussi peu communs qu'Elisea, Euphrosyne, Eurydice, Lysimaque ou Oxymandra pour les rendre obligatoirement intéressants. Quant au recours fréquent aux notes de pied de page, surtout au début du livre, pour expliciter un terme peu commun, il n'est pas sans rappeler l'usage immodéré qu'en faisait Jimmy Guieu dans certains de ses romans. Citer Paul Valéry, Pascal, Héraclite ou Jim Morrison, comme faire appel à la théorie des cordes ou aux œuvres apocalyptiques de Monsù Desiderio, ne permettent pas forcément de rendre convaincant un récit qui manque singulièrement de corps et d'âme, malgré les évidentes bonnes intentions des deux auteurs.
Il est enfin fort dommage que les martionautes de la navette spatiale Olympus Mons, en route vers Mars, se révèlent si bavards lors de leurs apparitions et qu'ils soient si absents du final de Katharsis, alors qu'ils représentent l'une des dernières et hypothétiques chances de survie de cette Humanité qui a failli à sa mission.
Katharsis fait irrésistiblement penser à ces films à petit budget, parfois pleins d'idées et bourrés de bonnes intentions, mais que le manque de moyens oblige à remplacer les scènes d'action ou d'effets spéciaux par de longs et ennuyeux dialogues d'exposition délivrés sans conviction par des comédiens de second ordre.
Qu'il soit envisagé comme le moyen d'une prise de conscience ou bien comme un thriller écologique, ce deuxième roman cosigné Oksana et Gil Prou ne parvient assurément pas à convaincre et il ne fait ni trembler, ni même frémir.
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