Daniel Picouly : la Nuit de Lampedusa
Roman presque historique, 2011
- par ailleurs :
Il ne s'agit pas de Science-Fiction. Ni d'uchronie. Plutôt d'Histoire secrète. Quoique…
L'Histoire est là. Bonaparte est en Égypte et a déjà échoué devant Saint-Jean-d'Acre. On retrouve Roustan, son mamelouk ; on verra mourir Kleber, on décrit la bataille d'Aboukir, on croise même Champollion et son frère, enfants : il faut dire qu'il est largement question de la pierre de Rosette. Pendant ce temps, Joséphine s'ennuie, à la Malmaison ou ailleurs, et trompe abondamment son général d'époux. Et meurt le Chevalier de Saint-Georges, Antillais de Paris, musicien et escrimeur fort réel auquel l'auteur a consacré un roman, déjà, en 2004 ; on est au moment où le général Dumas, grand-père de d'Artagnan en quelque sorte, semble l'appeler au secours par lettre car il croupit au cachot à Messine. Fort bien. Et ce ne sont pas les personnages secondaires fictifs, ceux auxquels on s'attache, ceux qui sont vraiment importants, ceux dont on ne parlera pas donc ici, qui feront sortir ce livre des normes du roman historique. Mené à brides rabattues, du reste, les trois éléments énumérés ci-dessus se succédant à grande vitesse, avec ce qu'il faut de suspense façon bas de planche de BD d'autrefois pour amuser, et d'épisodes plus ou moins hénaurmes.
Reste autre chose. Des grossesses à rallonges. Un quartier du Paris de la fin du xviiie siècle, adossé au jardin du Luxembourg et qui s'appellerait Haarlem. Le maître de ce quartier, appelé Le Mac, qui aurait fait fortune dans la restauration rapide, avant la confection et des slogans parfaitement anachroniques dont l'un commence par “t'as-t'y”, et qui pré-invente le journal télévisé. Bref, un n'importe-quoi assumé superposé à l'Histoire. Uchronique, en quelque sorte. Ou anachronique. Ou franchement fantaisiste. Mais qui regarde du côté de l'uchronie dès les premières pages, où Berthier raconte pour la postérité la mort de Napoléon en Égypte, ceci purement histoire de titiller le lecteur. Ce qui fait que le livre mérite d'être signalé ici, même si notre rédacteurenchef protesterait avec raison si c'était plus longuement.
Commentaires
Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.