Cela devient une sorte de publication périodique, sortant tous les cinq ans, un de plus que la Bougie du sapeur, feuille programmée pour le dernier jour de février les années bissextiles. Là, c'est un volume. Disponible en anglais sur l'internet, traduit en français et présenté par Alexandre Adler. Lequel se sent d'ailleurs obligé de préciser qu'il ne croit que médiocrement aux quelques scénarios planétaires vaguement novellisés que la tradition et une conception particulière des attentes du lectorat imposent dans ces volumes. Et qui sont ce qui peut les rattacher à la SF ou à l'Anticipation, ou au niveau zéro de sa forme romancée. Zéro étant sans doute une surestimation. D'où une "Lettre du président de l'Organisation de coopération de Shanghai au secrétaire général de l'OTAN" datée du 15 juin 2015 (?) et illustrant un “monde sans occident”, trois pages du journal d'un président américain sous le titre "la Surprise d'octobre" à propos d'une catastrophe climatique brusquée, une "Lettre du ministre des Affaires étrangères en exercice à l'ancien président de la république brésilienne" du 1^er février 2021 pour la “rupture entre les pays du BRIC” (Brésil-Inde-Chine), et un article du Financial times du 14 septembre 2024 sur l'émergence de pouvoirs non étatiques sous la forme de réseaux militants… Pas de quoi sauter au plafond. Peut-être de quoi faire du mauvais esprit en se demandant quelle vision du monde actuel, et donc quelle action dans celui-ci, ont les supposés décideurs qui se font auteurs collectifs de la chose. Et du mauvais esprit plus radical et plus facile en se demandant si un volume antérieur ne prétendait pas dessiner les contours de 2010, ce qui fournirait l'occasion de confronter la prédiction et la réalité, exercice ne présentant pas de difficulté majeure, et de plus propre à rasséréner celui qui se sentait durement impressionné par une congrégation d'esprits a priori brillants. De quoi en tout cas faire préférer la SF ou les brèves de comptoir… Le futur est sans nul doute une chose trop sérieuse pour le confier aux prospectivistes.