KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Stephen King : Nuit noire, étoiles mortes

(Full dark, no stars, 2010)

quatre courts romans fantastiques

chronique par Philippe Paygnard, 2012

par ailleurs :

Après les nouvelles de Juste avant le crépuscule et le roman-fleuve Dôme, les éditions Albin Michel nous proposent, avec ce recueil intitulé Nuit noire, étoiles mortes, une nouvelle expédition dans les obscures contrées de l'imaginaire de Stephen King.

Composé de quatre novellas, ces longues nouvelles parfois plus proches du roman que du texte court, ce livre est définitivement dominé par une terrifiante noirceur.

Ainsi, la première histoire de Nuit noire, étoiles mortes s'intitule "1922". Elle prend la forme d'un long texte écrit à la première personne, triste confession de Wilfred Leland James, un fermier du Nebraska. Dès les premières lignes, cet homme avoue avoir tué sa femme, en 1922, avec l'aide de son fils, dans le but de sauver sa ferme. Sombre récit où Stephen King invoque les esprits de la tragédie au sens classique du terme, mais aussi celui d'Edgar Allan Poe (même si les rats remplacent ici le célèbre chat noir), afin de démontrer que le poids de la culpabilité peut être la pire des punitions.

Le thème de la vengeance est au rendez-vous de "Grand Chauffeur" qui permet de retrouver un type de héros récurrent dans l'œuvre de Stephen King : un romancier. Dans cette novella, il s'agit plus exactement d'une romancière, Tess Jean, qui signe avec bonheur les investigations littéraires du Club des Indémaillables. Revenant d'une conférence, elle est agressée par un chauffeur routier qui la viole et la laisse pour morte. À deux pas de la folie, Tess fait le choix, ô combien hasardeux, de mener sa propre enquête pour identifier celui qu'elle a baptisé Grand Chauffeur afin d'empêcher ce dernier de récidiver. Le seul point dérangeant de cette histoire est que, malgré les doutes exprimés par Tess, on ne peut qu'adhérer à sa vendetta meurtrière contre un monstre tel que Grand Chauffeur.

"Extension claire" ne peut se dérouler que dans l'univers de Stephen King et tout particulièrement dans la ville de Derry, celle où prit place l'affrontement du Bien et du Mal décrit par l'auteur dans Ça. Dans cette ville fictive du Maine, tout est possible. Ainsi, il n'est pas surprenant que Dave Streeter, atteint d'une forme de cancer incurable, puisse rencontrer un homme tel que George Dabiel (George Elvid en V.O.), capable de lui proposer une extension de vie d'une quinzaine d'années en échange de 15 % de ses revenus et du nom d'un remplaçant pour récupérer tous ses malheurs à venir. Même s'il louche ici du côté de Faust, Stephen King le fait avec une bonne dose d'humour noir.

Nuit noire, étoiles mortes se termine avec "Bon ménage", une novella véritablement angoissante par son réalisme qui met en scène Darcy Anderson, une mère de famille qui, après vingt-sept ans de mariage et deux beaux enfants, découvre qu'elle ne connaît rien de l'homme qui partage sa vie et qui se révèle être un terrifiant tueur en série.

Avec Nuit noire, étoiles mortes, Stephen King offre à lire un recueil qui, derrière une certaine variété apparente, unit quatre textes autour des mots-clés que sont culpabilité et châtiment. De la belle ouvrage, excellemment traduite par Nadine Gassie, déjà responsable de l'adaptation française de Lisey's story (l'Histoire de Lisey, parue en 2007 chez Albin Michel).

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 71, octobre 2012

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