Joe Hill : le Costume du mort
(Heart-shaped box, 2007)
roman fantastique
- par ailleurs :
Dans le monde du gros rock qui tache, Jude est une légende vivante, le seul rescapé vieillissant d'un groupe mythique. Depuis la fin de ce groupe, il n'a rien sorti, rien produit, rien enregistré. Ça ne l'empêche pas de posséder encore une aura dans le petit monde des groupies goths qui traînent encore autour de lui, et de lui permettre, le cas échéant, de ne pas dormir seul.
Il les collectionne donc, mais chacune d'elles reste un peu plus longtemps qu'une ou deux nuits. Quelques mois le plus souvent, parfois un peu plus, mais à peine.
Ce qu'il collectionne aussi, ce sont les objets bizarres et glauques, autant pour son aura dans le milieu que parce que, quelque part, il y a pris goût. Et c'est l'achat d'un costume, livré avec son fantôme, qui va tout déclencher.
Le livre fourmille de bonnes idées, de trouvailles, de vrais personnages, campés avec brio. Leur point commun ? Ils ont tous, à un niveau ou à un autre, une fêlure, un passé pesant, une tristesse qui les alourdit. Dès les premières pages, le roman attrape le lecteur, et promet beaucoup.
Comment ? Grâce aux personnages, justement. À cette collection d'objets, aussi. Au portrait au scalpel qu'il donne de l'underground musical américain.
Une fois l'engrenage en place, d'une main de maître (et avec un sens de l'effrayant vraiment très impressionnant), on piaffe d'impatience ! Et là, plus rien… Bien sûr, le roman continue sur un bon rythme, dans une mécanique sans faille. Mais pas ce fantastique magnifique et improbable qui nous avait été promis à la lecture du début de l'ouvrage. Au contraire, même. Le roman, dirait-on, s'assagit. Rentre dans le rang.
De l'explosion d'idées promises, nous n'avons qu'un pétard un peu mouillé.
Bien sûr, le roman reste un bon roman, se lisant facilement et avec un certain plaisir, mais, une fois terminé, il nous reste un goût un peu amer dans la bouche, comme si les promesses faites au lecteur n'avaient pas été tenues.
Il y a quelques longueurs, des répétitions. Des éléments sous-exploités, comme cette fameuse collection d'objets, oubliée dès les premières pages. Des petites choses, petits grains de sable de rien du tout, mais qui, mis bout à bout, finissent par gâcher un peu le plaisir.
Joe Hill a reçu le Bram Stoker Award du meilleur premier roman en 2007, et personnellement, j'ai lu des premiers romans bien plus excitants…
Bien sûr, la lecture de ce Costume du mort n'est pas à éviter. Et même, je vous la conseille même. Mais juste pour passer un bon moment, en connaissance de cause.
C'est un bon roman qui promettait tellement plus !
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