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Ce roman a obtenu le prix Nebula et bien entendu il fait la preuve, si besoin était, du talent d'Ursula K. Le Guin. Comme les deux autres titres de cette chronique, Dons et Voix, il met en scène des jeunes confrontés d'une part à leur “pouvoir” et d'autre part à la société qui les entoure ou qui les accueille. Le héros ici s'appelle Gavir ; il vit dans une des Cités-États des Rivages de l'Ouest, a été enlevé très jeune à son peuple d'origine, et, s'il vit et joue avec les enfants du Seigneur, il demeure un “esclave”. Il ne peut échapper à son sort mais il a des visions (de l'avenir).

Un jour, sa sœur et une des filles de la maison sont emmenées dans une maison particulière. Puis la cité sera attaquée et Gavir devra fuir. Il découvre la réalité du monde, les mendiants, les anarcho-récupérateurs et d'autres. Il passe un temps dans une communauté plus ou moins écologique mais y découvre les mêmes tares qu'ailleurs. Il aime… On se doute de la fin, donc je n'irai pas plus loin.

Le récit est à la première personne et je soupçonne le lecteur — jeune ou moins jeune — de se laisser surprendre, de perdre complètement ou par instant tout esprit critique. Qu'en ferait-il d'ailleurs ? Les épisodes qu'il vit par l'intermédiaire de Gavir sont tous crédibles, vraisemblables dans les mondes imaginés par Le Guin (celui des pauvres, des esclaves, et celui des riches et des maîtres). Ces mondes unis par les lieux sont pourtant éloignés pour ce qui est des comportements ; le regard de Gavir, un peu naïf, accentue les contrastes. Le jeune âge du héros exacerbe la violence des adultes mais il ne lui confère nulle innocence. Au contraire, il semble par moment lui donner une lucidité supérieure. Le Guin lui fait dire, par exemple : « La liberté était un supplice indescriptible. ». Je gage que le jeune lecteur peut avoir la même impression ; lire qu'un autre la partage doit aider à supporter.

Si vous ne savez pas quoi offrir pour Noël, cette trilogie est la bienvenue.