Henri Lœvenbruck ; Fabrice Mazza : Sérum : saison 1, épisodes 1 & 2
roman-feuilleton énigmatique, 2012
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Inspectrice de la police de New York, Lola Gallagher enquête sur une bien étrange affaire. En effet, pour empêcher un crime, elle doit découvrir, dans les plus brefs délais, un événement à venir enfoui au plus profond de la mémoire en lambeaux d'une jeune et jolie amnésique. Cette dernière, qui se prénomme peut-être Emily, a été agressée et a reçu en pleine tête une balle qui ne l'a pas tuée mais qui a effacé une bonne partie de ses souvenirs. Pour parvenir à ses fins, Lola peut compter sur l'aide de son collègue et amant Phillip Detroit, et sur celle, plutôt intéressée, du docteur Arthur Draken, le meilleur psychiatre de la ville.
Après la Fantasy (cycle de la Moira et de Gallica) et le thriller (les aventures d'Ari Mackenzie), Henri Lœvenbruck, aidé ici par le spécialiste des énigmes et des jeux de logique qu'est Fabrice Mazza, renoue avec ce genre pratiquement oublié qu'est le roman-feuilleton. Il le fait en modernisant la forme et le fond de manière à captiver son lectorat. Conçu à base de polar et de thriller, Sérum joue ainsi avec le mystère de certaines situations et les énigmes non résolues. Énigmatique, l'histoire semble pouvoir à tout moment basculer vers le roman policier le plus noir, comme elle peut verser du côté du fantastique urbain ou encore virer vers le techno-thriller à connotation psychologique.
En matière de roman-feuilleton, on peut cependant noter qu'avant le duo Lœvenbruck-Mazza, d'autres auteurs de renom se sont déjà essayés à l'exercice comme Stephen King et sa Ligne verte (publié en France par les éditions J'ai lu en 1996) ou John Saul et ses Chroniques de Blackstone (J'ai lu en 1998). Des expériences restées sans lendemain, malgré l'incontestable qualité du premier qui fut réédité en un seul volume dès 1997, puis superbement adapté au cinéma par Frank Darabont en 1999.
Comme tout feuilletoniste digne de ce nom, Lœvenbruck et Mazza livrent donc, dans les deux premiers épisodes de Sérum, un récit plein d'action et de rebondissements. On retrouve, à la fin de chacun desdits épisodes, ce que les Américains appellent un cliffhanger, une technique qu'Alexandre Dumas ou Eugène Sue maîtrisaient à merveille, sans la nommer ainsi, lorsque leurs feuilletons paraissaient dans les pages des plus grands quotidiens de leur époque.
Lœvenbruck et Mazza modernisent cette manière d'écrire en utilisant certains codes tirés des séries et feuilletons télévisés avec, par exemple, cette présentation de quelques extraits de scènes de l'épisode à venir en fin d'ouvrage, et sur le même modèle, un bref résumé de l'épisode précédent au début du suivant. Autre innovation d'importance, l'insertion de flashcodes au fil des pages donnant accès, via un téléphone mobile et l'internet, à du contenu multimédia supplémentaire (musique, vidéo et divers documents). Un site dédié et un compte Twitter permettent également de suivre au plus près l'actualité de Sérum.
Cet ensemble de gadgets purement technologique ne vient cependant qu'en complément d'un texte qu'Henri Lœvenbruck et Fabrice Mazza triturent à l'envi pour prendre au piège un lectorat trop souvent volatile et l'obliger à rester présent tout au long des six épisodes espérés de cette première saison de Sérum.
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