KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Olivier Paquet : le ‘Melkine’ (la Trilogie du ‘Melkine’ – 1)

roman de Science-Fiction, 2012

chronique par Noé Gaillard, 2013

par ailleurs :

J'ai pris, peut-être à tort, l'habitude de suivre certains auteurs et jusqu'à présent, autant pour Jérôme Noirez que pour Olivier Paquet,(1) je n'ai pas à me plaindre. Pour ce qui est d'Olivier Paquet, s'il n'a pas encore atteint sa plénitude, il n'en est pas loin. Un space opera en trois volumes, nous dit la quatrième de couverture, et je ne vous recommanderai pas d'attendre la parution du dernier volume pour lire ce premier.

Cela démarre de manière bizarre pour mettre en évidence Azuréa, une femme hors d'âge qui veut régir le domaine de l'Expansion, les planètes occupées par les Terriens qui ont essaimé et où les enfants sont “conditionnés” pour vivre selon le mode de vie de leur monde, selon son bon vouloir. Imaginez que vous naissiez à Paris, et que l'on vous conditionne pour que vous puissiez y vivre plus qu'ailleurs ou uniquement là. En principe, elle devrait sans problème parvenir à imposer ses vues mais elle doit compter avec le Melkine. Il s'agit d'un vaisseau-école qui recrute sur concours des élèves qui ont la particularité d'échapper au “conditionnement” et d'apprendre en quelque sorte à être libres. Il s'agit d'un monde à part, qui accueille des enseignants “libres” et dont on ne connaît pas les trajets. Les communications se font par le biais des Fréquences qui sont en même temps les maîtresses des TV. Mais Azuréa, qui dirige la Fréquence Banquise, vient de découvrir un moyen de transmission instantané. Lors d'une escale particulière et remarquablement amenée dans le fief de Banquise, Ismaël, un des jeunes élèves du Melkine, commet un acte irréfléchi et impardonnable qui le condamne, aux yeux d'Azuréa et des règles en vigueur, à être banni du navire. Il se retrouve en exil. Mais le Melkine n'a pas cédé au chantage d'Azuréa. Je n'ai absolument pas l'impression d'en avoir trop dit, car je suis resté dans l'événementiel. Et vous avez compris que c'est la manière de raconter autant que ce qui est raconté qui compte. Et caractéristique d'Olivier Paquet, il ne fait pas dans le mélo. Il ne prend pas son lecteur par l'affectif, il le laisse entrer dans l'histoire et le piège ou le ferre (comme le pêcheur le poisson).

Par facilité sans doute, la “critique” aime bien apparenter les auteurs, de préférence les nouveaux, avec les “vieux” ou les installés. Si je cherche des cousins à Olivier Paquet, je lui en vois deux : Richard Canal et Jean-Claude Dunyach (ordre alphabétique oblige).(2) On retrouve chez les trois ces successions d'images fortes écrites sans fioritures et qui font de l'effet à retardement et sur le coup à la fois. Des images non entachées d'émotion que l'on garde en mémoire. Les personnages qui habitent ces images ont une existence affective réussie mais, grâce à un style parfaitement maîtrisé, l'auteur nous épargne les gesticulations et les effets de manches, les remplaçant par la poésie.

Je crois que Jacques Chambon avait bien senti le potentiel d'Olivier Paquet. Je crois que nous avons là un grand auteur.

À suivre.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 72, août 2013

Lire aussi dans KWS une autre chronique de : le ‘Melkine’ (et de sa suite) par Noé Gaillard


  1. Voir ma chronique de Fleurs de dragon et des Loups de Prague, respectivement.
  2. J'espère que Canal, Dunyach et Paquet ne m'en voudront pas de ce rapprochement.

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