Anna Starobinets : Je suis la reine
(Переходный возраст, 2005)
Histoires inquiétantes
- par ailleurs :
Je suis la reine est un recueil de six nouvelles de longueurs variables qui permet de découvrir l'univers, très inquiétant, d'Anna Starobinets, celle que certains surnomment déjà la reine russe de l'horreur.
Ces véritables contes de la folie extraordinaire plongent le lecteur dans des ambiances angoissantes, voire terrifiantes, sans même avoir besoin de recourir aux icônes du Fantastique que sont les vampires ou les zombies. En effet, les nouvelles d'Anna Starobinets se situent dans un quotidien et une normalité qui se mettent plus ou moins rapidement à déraper.
Des troubles obsessionnels du comportement, un voyage en wagon-lit, une soupe plus très fraîche et un scénariste professionnel sont ainsi les points de départ très ordinaires des nouvelles intitulées "les Règles", "la Famille", "J'attends" et "l'Agent". En dire plus sur le retournement qu'Anna Starobinets fait subir à la situation initiale ne pourrait que gâcher la lecture de ces textes parfois très courts, mais redoutablement efficaces, inquiétants à souhait et même effrayants pour certains.
La longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil, "Je suis la reine", par sa thématique, qui n'apparaît que progressivement au fil du récit, fait forcément penser à Kafka. Pourtant, tout commence par la description d'une famille normale composée de Marina, la mère, et de ses deux jumeaux de huit ans. Puis, au fil des jours, des semaines et des mois, le fils, Maxime, développe une étrange attitude envers sa mère, sa sœur jumelle et ses camarades de classe. Racontée d'un point de vue extérieur, puis à travers le “Journale” de Maxime, l'histoire n'en est que plus sinistre et convaincante, même dans ses outrances.
Quant à "l'Éternité selon Yacha", le dernier texte de cet ouvrage, il n'est pas réellement plus optimiste que les autres, mais il fait preuve d'un certain humour noir qui n'est pas déplaisant. La nouvelle débute par un problème d'arythmie cardiaque qui prend, pour le triste héros qu'est Yacha, des proportions véritablement surnaturelles.
La lecture de Je suis la reine, et autres histoires inquiétantes, est plutôt à déconseiller aux lecteurs angoissés par le quotidien, mais les amateurs de frissons ne peuvent qu'apprécier l'efficacité des textes d'Anna Starobinets, dont les éditions Mirobole proposeront, en 2015, le premier roman d'anticipation : le Vivant.
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