Serge Brussolo : Trajets et itinéraires de la mémoire
nouvelles de Science-Fiction, 2013 (1980, 1981 & 1993)
- par ailleurs :
Beau titre, non ? Pour un recueil de nouvelles ne comportant hélas aucun inédit, et regrettablement dépourvu d'un quelconque appareil critique. Il faut se contenter d'un laconique : « Ces nouvelles ont été précédemment publiées dans différents volumes de la collection "Présence du futur" aux éditions Denoël. » et de l'indication de copyright (Denoël, 1980, 1981 & 1993).
En fait, ce volume reprend l'intégralité des deux premiers recueils publiés par Serge Brussolo chez Denoël, Vue en coupe d'une ville malade ( "Présence du futur", n° 300) et Aussi lourd que le vent (n° 315), et une petite moitié d'un autre, Mange-monde (n° 543). On remarquera que "Mange-monde" est une longue nouvelle qui a déjà seule fait l'objet d'une réédition en "Folio SF" (n° 183) en 2004 et que "… Car ceci est de la chair, et ceci est du sang", une des nouvelles qui l'accompagnaient dans le recueil Denoël, n'est pas reprise ici ― jugée sans doute trop “fantastique”. Dernière remarque, l'ordre des textes établi pour les premières parutions n'est absolument pas respecté dans cette réédition.(1)
Il me semble qu'il aurait été intéressant de profiter de cette compilation pour mesurer une éventuelle évolution de l'auteur, à condition de savoir à quelles dates les textes avaient été écrits et éventuellement pourquoi, à quelle occasion. L'auteur lui-même aurait pu nous gratifier de textes explicatifs ou anecdotiques. Une lecture comparative montre par exemple qu'entre 1980 et 2013 Brussolo n'a rien changé à ses textes…
On se contentera donc de lire Brussolo comme “adepte de l'absurde”, et ce recueil nouvelle après nouvelle, avec des pauses pour éviter toute saturation, toute overdose. Pourquoi ? Parce que Brussolo offre peu de bouées de sauvetage, peu de moyens d'échapper à la destruction du monde qu'il a imaginé. On pourrait en cela comparer son absurde à celui de Stan Laurel et Oliver Hardy lorsqu'ils détruisent tout ce qui les environne. On notera que l'on rit à des destructions complètes alors que l'on déplore les effets dévastateurs des guerres. On ne rit pas d'un monde noir qui reste noir. Comme si l'auteur nous invectivait, nous mettait au défi de lui montrer un monde différent. Son monde est pourrissant comme un marécage et on peut même se sentir responsable de son délabrement. C'est un monde qu'il faut prendre de haut même si on a l'impression ― parce que Brussolo sait écrire ― que c'est un peu notre monde.
- Si. — Note de Quarante-Deux.↑
Commentaires
Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.