Décès
éditorial à KWS 74, septembre 2014
Ça ne m'était jamais arrivé, mais il fallait bien. Une enveloppe contenant un exemplaire de KWS 73 m'est revenue avec la mention décédé. L'abonné concerné était Patrick Baudé, un fidèle qui m'envoyait souvent de petits mots manuscrits ; il me manquera, même si je ne l'ai jamais rencontré personnellement. C'était un des derniers abonnés de KWS, sans doute, à ne pas utiliser l'internet (Daniel Le Mercier va protester : lui aussi m'envoie d'abondants courriers papier, mais je sais qu'il peut aussi être contacté par courriel… et pour le moment, malgré ses menaces répétées :-), sa nécro n'est pas à l'ordre du jour).
Chers lecteurs, vous ne lisez sans doute pas KWS pour avoir des nouvelles de la santé de ses abonnés. Un petit mot sur celle du périodique que vous tenez entre les mains — ou, de plus en plus probablement, sur vos écrans — vous intéressera peut-être plus. J'ai bien cru que j'aurais à vous annoncer avec ce numéro la mort de KWS ; chroniquer des livres est désormais une activité à laquelle il semble que l'on doive se livrer sur la Toile plutôt que sur le papier, et les chroniqueurs anciens et nouveaux se font prier pour contribuer. Tels la cavalerie, Philippe Paygnard et Éric Vial ont sauvé la situation, explorant et illustrant chacun leur recoin de la vaste gamme des intérêts qu'embrasse notre revue.
Toutefois, peut-être privé de son dernier lecteur exclusivement papier — écrivez-moi pour me détromper le cas échéant —, il n'est pas exclu que KWS rejoigne un de ces jours le Grand Ordinateur dans le Ciel. Des chroniques continueraient de paraître, article par article, sur un blog ou un site ami (il y en a, à commencer par celui des Quarante-Deux qui nous offre un superbe archivage). Disparaîtraient, dans ce cas, avec le papier, l'agrafe et la couverture, les entraves et le charme d'un périodique papier : sa parution par blocs arbitraires qu'on appelle “numéros”. En général sans autre raison d'être que la nécessité de rassembler sous un volume glissable sous enveloppe les articles parvenus à ma porte durant un intervalle de temps donné, les numéros séparés de KWS, ou de tout autre fanzine, servent pourtant sans le vouloir une fonction de motivation : pour le rédacteur en chef qui s'excite à la perspective d'un bouclage, pour les chroniqueurs plus durement fouettés à la même époque — même si les coups de fouet passent mal par courriel —, et même pour les lecteurs qui voient arriver l'objet, et peuvent se dire qu'est venu le temps de le lire.
En attendant, si vous voulez retarder l'échéance fatale pour le KWS-papier, réabonnez-vous. Et n'oubliez pas que si vous êtes trop fauché, ou trop paresseux, pour vous réabonner, vous pouvez à tout moment me demander l'envoi gratuit de KWS sous forme de fichier pdf… tant qu'il y aura des numéros de KWS !
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