Loïc Henry : Loar
roman de Science-Fiction, 2011
- par ailleurs :
Le royaume de Loar se prépare à la guerre. Il ne lui reste que quelques jours pour répondre à l'ultimatum de son rival, le royaume de Melen. Face aux appétits dominateurs d'Asbjorn, le monarque de Melen, Emrodes de Loar sait qu'il peut compter sur le soutien des autres royaumes eux aussi menacés par le funeste compte à rebours.
Après avoir publié une petite dizaine de nouvelles, Loïc Henry (qu'il ne faut pas confondre avec Léo Henry, surtout lorsque les deux auteurs dédicacent côte à côte lors d'un salon du livre de poche) signe, avec Loar, son premier roman. Paru en 2011, aux éditions Griffe d'encre, il s'agit d'un livre ambitieux puisque le romancier crée d'emblée un univers cohérent de la taille d'un empire interstellaire.
Il y a cependant un obstacle qu'il faut passer pour apprécier au mieux cet ouvrage. En effet, dès les premières pages, on ressent à la lecture de Loar l'influence consciente ou inconsciente de Dune, et on ne peut alors s'empêcher de jouer au jeu des ressemblances. Les royaumes de Melen et de Loar font irrésistiblement penser aux maisons Harkonnen et Atréides, tandis qu'Asbjorn et ses deux fils, Heikki et Ince, renvoient naturellement au baron Vladimir Harkonnen et ses neveux, Feyd et Rabban. De la même manière, il existe une symétrie évidente entre les conseillers spols de Loar et les mentats de Dune, tout comme les fiers mercenaires Latars partagent l'efficacité martiale des Sardaukars.
En ajoutant des citations en début de chapitres, un glossaire et des appendices, Loïc Henry ajoute à la confusion qui pourrait conduire à croire que Loar n'est qu'une pâle copie de Dune. Il est vrai que les deux œuvres traitent des mêmes sujets : empires interstellaires, diplomatie, complots politiques, religion, génétique… mais Henry, même s'il joue la carte du mystère avec les énigmatiques daofined, n'entoure pas son roman de l'aura mystique de Dune. Ainsi, Evzek, le grand prêtre de la Sainte Église de Kreis, apparaît plus intéressé par le pouvoir séculier que par l'existence d'un hypothétique monde meilleur.
Loar pourrait alors sombrer dans le space opera façon germanique avec des vaisseaux qui s'affrontent dans l'espace à tirs de radiants, mais Loïc Henry, même dans sa description des batailles spatiales, préfère conserver une certaine distanciation et nous place aux côtés des stratèges latars plutôt qu'au cœur des batailles. Aux combats de l'espace, il préfère ceux de l'esprit lorsque ses personnages négocient, complotent ou usent de leurs talents pour convaincre, n'hésitant pas à dévoiler leurs pensées les plus secrètes grâce à une voix off en italique. Et si Emrodes n'a pas le charisme d'un Paul Muad'Dib Atréides, c'est tout simplement parce que Loar est un roman choral où chaque personnage a un rôle à jouer, participant ainsi à la cohérence et à la force de l'ensemble.
Dès son premier roman, Loïc Henry a conçu un univers complexe qui ne demande qu'à être exploré à nouveau. C'est d'ailleurs ce qu'a fait l'auteur avec "Éros ou Thanatos" plus tard en 2011, une novella indépendante se déroulant sur l'une des planètes de l'univers de Loar, 4000 ans plus tôt. Mais c'est une autre histoire.
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