Jean Bury : Et la mort perdra tout empire
nouvelle fantastique et de Science-Fiction, 2015
- par ailleurs :
En quelques pages, Jean Bury nous entraîne dans un monde en guerre. Le conflit qu'il décrit s'est enlisé au cœur d'une Europe dévastée. Des soldats, hommes, femmes et enfants, affrontent, avec l'énergie du désespoir, des hordes de loups, ou plus exactement des lycanthropes, dont le but ultime semble l'extermination de tous les humains.
Le texte bref et efficace de Jean Bury ne perd pas son temps à tenter d'expliquer comment l'espèce mythique des loups-garous est devenue la terrifiante Némésis de l'Humanité. Il nous invite à plonger directement au plus profond de son univers en guerre à travers les points de vue de plusieurs combattants dispersés sur le champ de bataille glacial et désolé.
C'est ainsi la très cultivée capitaine Barraine qui nous fait découvrir la stratégie presque suicidaire des troupes humaines qui, jetant leurs dernières forces dans le combat, se déploient pour mener une attaque-surprise contre le camp retranché lycan. Puis, c'est au tour du fifre Absil, à peine sorti de l'enfance, de nous entraîner, grâce à sa mission de messager, au milieu du chaos de la bataille qui oppose les soldats humains aux terrifiants lycans. Puis, en recueillant le jeune garçon blessé, le sergent Boris Liatochinski nous permet de percevoir toute la férocité des ultimes accrochages alors que la mêlée s'éteint au cœur d'une nuit aussi noire que glaciale. Faisant de son mieux pour sauver des vies, à commencer par celle d'Absil, le médecin-colonel Bruneau nous fait la description de la cruauté d'une victoire à la Pyrrhus. Enfin, un dernier point de vue est donné par le caporal Alain, dont la mission est de capturer un ennemi, un loup gris, lorsque ce dernier prend forme humaine pour espionner l'armée des hommes.
Par certains aspects, ce "Court lettrage" de House Made of Dawn éditions n'est pas sans rappeler le film Planète hurlante, très libre adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick. On y retrouve les mêmes thématiques de la guerre et de la survie menacée de l'Humanité. Mais surtout, il y a cet ennemi qu'il est difficile d'identifier car capable de prendre forme humaine pour se fondre au milieu des rares survivants et qui devient parfois plus humain que les hommes.
Il n'est pas simple de créer un monde en quelques pages, tout en racontant une histoire qui tient la route, avec des personnages qui s'imposent aux lecteurs. Jean Bury y parvient avec une facilité désarmante qui prouve la maîtrise pleine et entière qu'il a de son sujet. Même si la conclusion de ce sombre récit fait un peu trop happy end, on ne peut que se laisser prendre par l'écriture efficace et énergique de Bury.
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