Vincent Villeminot : Réseau(x)
roman de Science-Fiction pour la jeunesse en deux parties, 2013-2014
- par ailleurs :
Je commencerai par souligner — ce qu'on ne devrait pas avoir à faire — qu'il s'agit d'une production française pour ados d'une qualité exceptionnelle pour ce qui est de l'écriture. Après toutes les productions anglo-saxonnes qui envahissent et envahiront le marché, souvent rédigées dans un français de traduction automatique, c'est réjouissant et fort agréable à lire.
Pour ne pas perdre le contact avec son jeune lecteur, l'auteur a choisi de mêler à sa langue les expressions qui traduisent l'univers des réseaux. Le dosage est subtil et, même si vous ne participez pas au mouvement, vous comprendrez aisément de quoi il retourne.
J'ai vainement cherché une date précise, un quantième d'année pour savoir quand se déroulait l'action. On trouve seulement des indications d'heures, de jours, de mois ; on peut en déduire que l'auteur suggère que ces actions sont proches dans le temps. En fait, nous sommes dans une extrapolation des réseaux actuels un peu plus poussée… Mais je ne connais pas tout sur ce sujet.
Dans le premier volume, les rêves d'une jeune fille de quinze ans, Sixie, sont transposés dans une réalité violente. Et, autour de ce qu'elle représente, s'engagent deux guerres : l'une déferle sur les réseaux et l'autre empiète sur la réalité. Affrontements virtuels et physiques vont tuer. On est dans un jeu de rôle grandeur nature in real life… Des étudiants affrontent les flics de la société qui ne les aime toujours pas… Nada#1 est un chef de “groupe”, gang anarchiste épris de liberté et de vérité qui cherche à comprendre. Dans le tome 2, Nada#1 se rend à la police pendant que son frère Nada#2 poursuit sa dénonciation du vrai et retrouve celle qu'il aime, Sixie. Sauf erreur de ma part, en plus de la nouvelle préquelle annoncée en fin du tome 2, "Black urubu", on devrait avoir un troisième tome.
On peut trouver trois raisons au moins à la lecture des deux tomes. La première serait une simple curiosité à l'égard de ce que lisent les ados. Pourquoi pas ? Cela peut aider à les comprendre. La deuxième aurait pour origine le plaisir simple de la lecture de livres bien écrits et réussis. La troisième et pour moi la plus intéressante, repose sur le fait que l'auteur est manifestement quelqu'un de cultivé qui sait glisser sa culture de manière subtile dans le récit. J'avoue qu'une petite phrase comme celle-ci : « Le visage aurait pu être celui d'une morte, une Dormeuse du Val adolescente… »
a « tout le charme du presbytère »
, et que cette référence à Edgar Alan Poe via Gustave Doré, Édouard Manet et Stéphane Mallarmé : « Il adorait tous ces écrivains xixe siècle qui remettaient de l'ordre dans la folie du monde en refusant les explications rationnelles. »
en rehausse l'éclat. N'attendez pas la suite. Et si vous n'êtes pas encore convaincu, allez voir en fin du tome 2 le contenu de la playlist…
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