Thomas Mullen : les Protecteurs
(the Revisionists, 2011)
roman de Science-Fiction ?
- par ailleurs :
Attention ! ce roman est publié en grand format, sans la moindre mention d'appartenance à un genre ou à une collection et l'illustration de couverture, le texte de présentation de la quatrième de couverture risquent de vous induire en erreur. Il pourrait s'agir d'un roman de Science-Fiction pour la plus grande partie et puis soudain les “artifices” du genre sont rejetés au profit d'une banale explication réaliste. Il n'en reste pas moins que les amateurs de SF ne seront pas déçus ; quant à ceux qui détestent, qu'ils passent outre pour apprécier à sa juste valeur ce beau portrait de l'Amérique du nord.
Zed — un drôle de nom, non ? —, un Noir, se présente comme un agent du futur en mission dans le monde contemporain. Au milieu des “contemps”, comme il dit, il doit faire en sorte que son monde à lui advienne. Il veille à ce que la Grande Conflagration se produise et donne ainsi naissance à son Monde Parfait. Il a conscience de voyager dans le temps et nous sommes ici dans sa dernière mission. Il tue des “réacs” (les révisionnistes activistes du titre original) qui veulent éviter que meurent des millions de gens dans la Grande Conflagration. Une belle illustration de la théorie du complot. Dans notre monde contemporain, Tasha, une jeune avocate noire, s'interroge sur la mort de son frère lieutenant en Afghanistan et découvre que ceux pour qui elle travaille se préoccupent plus de gagner de l'argent que de protéger les troupes US. Leo Hastings, qui a eu le malheur, la maladresse de dénoncer le comportement des personnels de l'Agence (entendez CIA) tout en participant à leur travail alors qu'il était en Corée, est un banal pion dans une agence de renseignement privée et à ce titre rencontre Sari, une jeune Coréenne, esclave d'un diplomate coréen… Zed, qui regrette la mort accidentelle de sa femme et de sa fille, entre en contact avec Tasha et en tombe amoureux. Leo tombe lui amoureux de Sari et engage Tasha à l'aider à coincer des “pacifistes”, selon les directives de son agence. Nous sommes en présence d'individus peu héroïques, qui prennent péniblement et violemment conscience du monde dans lequel ils vivent, et dans lequel les différentes agences de renseignement privées ou publiques se livrent un combat sans merci. Thomas Mullen est remarquablement servi par une traduction en excellent français de Sébastien Guillot et nous propose un roman très attachant en mêlant avec finesse les fonctionnements individuels et les destins collectifs. La révolte personnelle et les machinations aveugles des gens de pouvoir. On notera une référence directe à Orwell et quelques moments poétiques fort réussis.
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